Colère préventive – L’édito de Christophe Bonnefoy
On ne peut pas, un jour, applaudir les soignants, pour leur reprocher le lendemain, de ne pouvoir répondre toujours efficacement à nos besoins. On ne peut pas plus, louer l’engagement des forces de l’ordre et presque immédiatement, et de manière très virulente, s’agacer qu’ils fassent leur métier.
Chez les soignants comme chez les policiers, il y a mal-être. C’est vrai aussi pour bien d’autres professions. En l’occurrence, ce sont ce jeudi les garants de notre sécurité qui alertaient sur leurs conditions de travail. Plus précisément, c’est le grand flou qui accompagne leur mobilisation pendant les Jeux olympiques, qu’ils souhaitent dénoncer.
On sait déjà qu’en temps normal – eux le savent encore mieux -, être policier ou gendarme aujourd’hui demande une bonne dose d’abnégation, une propension certaine à encaisser les coups, au sens propre comme au sens figuré. La vocation, chez eux comme dans le monde médical d’ailleurs, guide la plupart du temps leur choix de carrière. Encore faut-il que les moyens – pas seulement financiers – d’en vivre, de la vivre même, soient mis à leur disposition. On en est loin. En terme d’effectifs, le compte n’y est pas toujours. Et face à la loi, ils ont parfois le sentiment qu’ils deviennent suspects, plus souvent qu’à leur tour.
En cette année de JO, chaque policier est bien conscient qu’il lui faudra pendant la durée de l’événement investir le terrain de manière encore plus prégnante qu’à l’habitude, si tant est que cela soit humainement possible. Mais où, comment, quand, combien de temps ? Et sans congés payés, ou presque ? Ce sont les modalités qui leur posent ainsi question. Assurer leur tâche, oui. Mais carrément pas à n’importe quel prix. La police, comme la gendarmerie, jouera pourtant l’un des premiers rôles, lors d’un rassemblement planétaire qui doit rester une fête.
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