Cohons : une succession attise des convoitises
Daniel Mielle est décédé début février 2021. Le 26 mars suivant, Cohons vote son budget. Des frais d’étude en vue de l’aménagement de son bien sont prévus, dans le cadre d’un projet d’extension de la visite des jardins remarquables. Les héritiers s’en étonnent.
Odette Perrin est la sœur de Daniel Mielle, Robert, son frère. Depuis le décès de Daniel, ils s’étonnent que le maire de Cohons « ait eu les clés de sa maison » jusqu’à début septembre. En août, leur autre frère Frédéric doit les récupérer au domicile de Sylvie Baudot. Qui l’accompagne pour pénétrer dans la maison du défunt. Et puis il y a ses trente stères de bois, qui était entreposé près de sa maison, « sur le territoire communal en effet, où il a toujours été ». Cet été, Robert voit des hommes le débiter, il les connaît. « On me dit que c’est une demande du maire ». Son interlocuteur paraît deviner qu’il soit choqué. « Il stoppe net son travail ». Pourtant, « le lendemain, le bois n’est plus là ».
Le bois qui ne passe pas
Une parente d’Odette expédie, le 12 septembre, un courrier recommandé au maire et au notaire en charge de la succession de Daniel pour savoir où est passé le bois. Seul le notaire répond, le 17 septembre : il indique ne pas avoir d’informations à ce sujet. Robert revient à la charge. Cette fois, le notaire fait savoir que « Sylvie Baudot a réglé le bois ». Une somme de 200 euros -le prix du stère du bois de chauffage en un mètre est d’au moins 25 euros. En effet, le chèque a été émis sur le compte joint de Sylvie Baudot et de son époux. C’est l’évènement de trop pour les héritiers directs, qui ont l’impression que le maire prend bien des initiatives, sans qu’ils sachent à quel titre. Ils retiennent que si le chèque est daté du 21 août, le notaire écrivait ne rien savoir de cette affaire le 17 septembre.
Un bien à potentiel
L’existence d’un projet d’extension de la visite des jardins remarquables et l’annonce d’un duo d’alors potentiels acheteurs de la maison et du jardin, en conseil municipal le 26 mars, les confortent dans le sentiment que la succession intéresse au-delà du cercle familial. Enfin, ladite maison ne leur paraît toujours pas sanctuarisée. Encore récemment, un habitant y a emprunté un motoculteur qui s’y trouvait.
Jeudi 20 janvier, Odette Perrin, née Mielle, a déposé plainte à la gendarmerie de Longeau-Percey pour le vol des trente stères de bois de feu son frère. Si la modestie de la somme en cause laisse accroire que le parquet de Chaumont la classera sans suite, des zones d’ombre planent sur le village.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
La maison à vendre ? Le maire l’ignore
Le maire de Cohons a volontiers répondu à quelques questions. La maison de Daniel Mielle est-elle à vendre dans le cadre d’un projet d’extension des jardins remarquables ? C’est possible… mais elle ignore si elle « est à vendre : (elle) n’a pas vu de panneau », encore récemment. La succession est en cours, c’est tout ce qu’elle sait. Elle pense que si les héritiers veulent vendre, ce sera « la totalité -maison, jardin », choix qui leur appartient : ni la commune ni personne ne leur dira ce qu’ils ont à faire. « On n’a aucune demande de préemption urbaine ». Sachant que ce droit « va avec le plan local d’urbanisme ». Et, « oui », cette maison fait partie des parcelles susceptibles d’être préemptées. Si le maire a eu les clés, c’est « logique » : c’est elle qu’on a appelée quand Daniel Mielle a été emmené à l’hôpital où il est mort. « Après », elle les a rendues à la famille. « C’est ancien, bien sûr ». En somme, « c’est une succession, la famille s’en occupe, et puis voilà ». Avant de poursuivre. « Après, la commune sera saisie, et puis c’est tout ». Et le bois qui aurait « disparu » ? Sylvie Baudot se plaint. « Encore cette histoire… ». Eh bien non, « il n’a absolument pas disparu. Je l’ai acquis avec mon mari… donc ce n’est pas compliqué. Le chèque est chez le notaire depuis cet été ». Les héritiers étaient-ils informés de cet achat ? « Bien sûr que oui, je leur en ai déjà parlé des dizaines de fois ». En tout état de cause, Sylvie Baudot le martèle : elle ne sait rien de l’état d’avancement de la vente de la maison du défunt.