Cohons : nouvel imbroglio autour d’une concession
Son frère a été enterré au cimetière communal le 06 février 2021. Mais la commune a longtemps interdit à Odette Perrin de faire poser une pierre tombale. Motif : le défunt n’avait pas acheté de concession.
« Il y a environ un an et demi, la municipalité a distribué un prospectus dans les boîtes aux lettres pour que les habitants indiquent s’ils voulaient acheter ou non une concession au cimetière communal ». Daniel Mielle ne prend pas position. Ou bien il se donne le temps de réfléchir, ou bien il ne se sent pas concerné. Dans sa famille, on sait en tout cas que « ça avait toujours été l’usage qui prévalait », et à Cohons, ses grands-parents, ses parents, son frère sont inhumés dans le même emplacement. En février 2021, sa sœur Odette Perrin apprend fortuitement que Daniel paraît très affaibli. « Le lendemain, j’ai téléphoné au maire pour savoir ce qu’il en était ». Sylvie Baudot lui répond depuis l’hôpital de Langres. « Il est mort ». Odette la retrouvera… aux pompes funèbres de Longeau, où celle-ci « s’occupe de tout », y compris du règlement des obsèques, quoique le défunt assure le paiement. Odette s’acquitte du coût du rapatriement du corps, d’une messe à laquelle elle tient et d’une plaque souvenir, sur laquelle elle demande que soit inscrit « À mon frère ». Le maire participe à cet achat, à hauteur de 10 euros. « J’ai retrouvé écrit À mon frère. Ses voisins et ses amis » ». Odette va de surprise en surprise.
« J’ai refusé que le notaire me rembourse »
« Un mois plus tard, je vais voir le maire pour l’informer que je vais acheter une dalle pour recouvrir la sépulture familiale ». Odette indique que Sylvie Baudot lui signale qu’elle « en a d’occasion ». Après réflexion, la sœur de Daniel préfère rester sur son idée et achète une dalle neuve. « Le maire m’a alors dit que je n’avais pas le droit de la faire poser ». Le 22 octobre, le règlement de la succession de Daniel amène Odette chez le notaire, auquel elle parle de la fameuse dalle. « Pas question qu’il y ait quelqu’un par-dessus mon frère ! ». Le litige de la commune avec la famille Belmonte l’a échaudée. Or, elle avance que le notaire, « double de la facture en main », lui propose… de la rembourser. Odette refuse catégoriquement.
Concession… ou pas ?
« Le conseil municipal confirme qu’il est impossible de poser la dalle parce que Daniel Mielle n’avait pas acquis de concession ». Sa sœur déplore qu’on lui oppose cet argument si tardivement. « Dans ce cas, mon frère n’aurait pas dû, sans l’accord de nous tous, être inhumé auprès de son frère, avec les Anciens ! ». Face au désarroi d’Odette, un tiers se met en quête d’une solution qui permette de lever le véto de la municipalité. Au terme de multiples démarches, il apprend à la soeur de Daniel que la qualité de porte-fort résoudrait tout. En effet, le notaire va lui délivrer le document qui en atteste -Odette et Robert sont les héritiers directs de Daniel. Dès l’accord de l’ensemble des ayant-droits, Odette va commander l’installation de la fameuse dalle. Au terme d’une âpre lutte administrative menée sans aucune aide de la commune. Et à 84 ans. Aujourd’hui, elle a déjà fait l’acquisition d’une seconde plaque souvenir qui, conformément à ce qu’elle souhaitait, porte l’unique inscription « A mon frère ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Le précédent Belmonte
« Une famille peut demander la mise à disposition d’un terrain commun pour 20 ans (…) (Ou) acquérir une concession funéraire. (Auquel cas il faut déposer le document) en mairie au plus tard le 31 mai 2019 ». L’imprimé distribué dans les boîtes aux lettres du village le 12 avril 2019 précise que « le renouvellement d’une concession se fait dans les deux ans après la date anniversaire de l’achat pour une durée identique ». Pour rappel, le beau-frère des sœurs Belmonte leur avait appris qu’il avait acquis la concession du caveau familial. Or, elles disposaient de deux ans pour le faire, ce qui fixait la date butoir au 30 mai 2021. En vendant la concession, la mairie paraît s’être considérée propriétaire avant ce terme. Et, faute d’avoir été informées, elles n’ont pas pu demander l’exhumation des restes de leurs aïeux. Ni ôter ses monuments.
Sylvie Baudot : « solidarité autour d’un célibataire »
Le maire de Cohons a volontiers accepté de s’exprimer. Sylvie Baudot a indiqué qu’elle connaissait bien Daniel Mielle. À la question de savoir s’il avait réglé ses obsèques, elle a répondu « qui voulez-vous que ce soit d’autre ? ». Reste que les héritiers ont eu le sentiment que le maire « prenait les choses en main ». Le premier magistrat a alors rappelé que Daniel Mielle était célibataire. Qu’ils ont été « plusieurs à s’en occuper », étant « dans leur rôle » qui est de montrer de « la solidarité… et c’est tout, ça ne va pas plus loin ». Mais comment se fait-il que la famille du défunt soit… tendue ? Sylvie Baudot n’en sait rien, d’autant que « l’histoire de la concession est réglée ». Après, elle ignore si elle a d’autres motifs. « C’est elle qui voit, moi, je n’en vois pas ». D’ailleurs, « pourquoi y en aurait-il ? ».