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Cocaïne ou lessive au tribunal correctionnel de Chaumont

Impliqué dans un accident survenu le 19 novembre 2022 à Perthes, près de Saint-Dizier, un homme aurait pointé une arme de poing en direction d’un riverain avant d’être confronté à la découverte de 150 grammes de cocaïne à son domicile. Des accusations infondées aux yeux du prévenu.

« Mesdames du tribunal, tous mes vœux ! » Enjoué, affable, poli, Me Grosjean n’en est pas moins conscient de la difficulté de la tâche. Assurer la défense d’un prévenu contestant vigoureusement des accusations de différentes natures n’est pas chose aisée.

Renaud F. le concède, le véhicule qu’il occupait avec sa compagne est bel et bien entré en collision avec un « muret », le 19 novembre 2022, à Perthes. Cet accident aura entraîné l’arrivée de riverains, « une famille ».

Dans l’attente de l’arrivée des gendarmes, informés de l’accident, le ton n’aurait pas tardé à monter. « J’ai dit à ma compagne de partir, il y avait dix personnes autour de moi, le fils m’a sauté dessus. Son père m’a dit de partir, la voiture était assurée, j’avais prévu de revenir le lendemain pour le constat », assure Renaud F.

La version des témoins est toute autre. Le prévenu aurait brandi un « pistolet automatique » en direction d’un des hommes venus à sa rencontre. « Ils sont tous de la même famille, ils racontent n’importe quoi. Au début, ils m’ont dit qu’ils allaient dire que j’avais une lame, le lendemain, ça a été un revolver », soutint Renaud F.

Au-delà de « témoignages circonstanciés et concordants » aux yeux du procureur Devallois, un élément retient l’attention. Des photographies découvertes dans le téléphone du prévenu, des images prises le jour des faits, montrent Renaud F. arme de poing en main. « Dans l’après-midi, je suis passé rendre visite à un ami, il a voulu me vendre un revolver 300 euros, je ne savais même pas si c’était un vrai ou un faux, ça ne m’a pas intéressé », assura le prévenu.

« Un homme de paroles »

Renaud F. conteste également avoir détenu 150 grammes de cocaïne découverts à son domicile à l’occasion d’une perquisition. Après avoir un temps indiqué, « à la demande des gendarmes », s’être vu confier « un sachet » en guise de test par des trafiquants à la recherche d’une nourrice, le prévenu conteste tout bonnement les conclusions de deux analyses menées par des laboratoires spécialisés. De la cocaïne ? « De la lessive ! »

De la cocaïne, le prévenu, ancien toxicomane soumis à un lourd traitement à base de neuroleptiques et anxiolytiques, n’en consommerait pas. « Et puis, je n’ai pas moyen d’acheter 152 grammes, les deux premiers tests étaient négatifs, ce qu’ils ont trouvé, c’est de la lessive que ma copine avait acheté », répéta le prévenu, manifestement certain d’être la victime d’une machination.

Pire, suivi par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) dans le cadre d’une précédente condamnation, Renaud F. ne se serait pas présenté à différentes convocations. Réaction ? « C’est totalement faux, je n’ai jamais manqué le moindre rendez-vous ! »

Le procureur Devallois en convint. Le prévenu est un « homme de paroles », au pluriel, un homme « aux déclarations fluctuantes ». Quant à cette fameuse lessive « de marque Génie », comment dire ? Deux analyses l’indiquent, il s’agit bel et bien de cocaïne.

Alors, plus blanc que blanc ce prévenu ? Me Grosjean mit principalement en doute les accusations portées par les membres « d’une seule et même famille ». « En dehors de ces témoignages, rien n’indique que monsieur avait une arme, il n’a pas à payer pour ce qu’il aurait pu faire ! »

Décision ? Deux ans de prison ferme, avec maintien en détention, le tout complété de la révocation à hauteur de quatre mois d’une précédente peine de prison avec sursis. La réaction fut vive. « Vous me condamnez pour un mensonge et de la lessive ! » Le prévenu dispose d’un délai de dix jours pour interjeter appel de la décision.

T. Bo.

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