Clopin-clopant – L’édito de Christophe Bonnefoy
La grève « est particulièrement malvenue en cette période d’extrême difficulté pour le système de santé ». C’est François Braun qui le dit. Agacé, le ministre ? En colère, même, peut-être. Comme les millions de patients qui risquent de trouver porte de généraliste close.
Une grève est toujours malvenue. Quand on veut prendre le train. Ou potentiellement plus grave encore, quand on veut se faire soigner. Mais elle puise toujours sa source quelque part. Jamais totalement gratuite. Jamais totalement infondée, même si la manière peut faire sortir de leurs gonds ceux qui la subissent.
Il est vrai qu’ici, entre Covid-19, bronchiolite et grippe, on se serait bien passé de cette impossibilité d’aller quémander quelque remède. Cette triple épidémie pousse en effet tout naturellement les Français à courir plus nombreux après un rendez-vous. Rageant.
Pourtant, si dans l’instant on sera tenté de rager après son médecin, il faut bien se résoudre à un constat : notre système de santé est quelque part sous respirateur artificiel. Il étouffe. Il tient, principalement parce que les soignants sont, encore plus que d’autres, mus par la vocation. Mais elle ne suffit plus. Ou ne suffira plus très longtemps.
Voilà maintenant des années, des décennies même, que le système de santé va clopin-clopant. Nos médecins sont parmi les meilleurs de la planète, dans un pays qui peut se vanter d’intégrer le wagon de tête des plus grandes nations. Mais le monde médical, du généraliste à l’infirmière, de l’urgentiste à l’anesthésiste, dénonce des moyens insuffisants. Une politique qui se résume au final à essayer de panser les plaies plutôt que de prévenir les maux.
La grève des médecins, malvenue ? Forcément. Mais elle n’est qu’une énième tentative de tirer la sonnette d’alarme. Comme avant eux ces infirmières qu’on applaudissait à nos balcons et n’ont pas vraiment retrouvé la santé depuis. Aucune ne vous dira qu’elle va mieux aujourd’hui qu’hier…