Clivant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les plus jeunes, ailleurs qu’en Italie, ne retiendront peut-être que ce visage de cire. Ce personnage qui semblait surtout appartenir au monde du show-biz. Un monde qui répond à la seule dictature des apparences et ne sait souvent montrer que ses déviances. En Italie même, à l’inverse, Berlusconi est depuis ce lundi et l’annonce de sa mort, pleuré à chaudes larmes. On salue le grand personnage, le grand dirigeant, « l’un des hommes les plus influents de l’histoire » du pays, même si les moyens qu’il utilisa pour réaliser ses ambitions semblent un peu facilement mis de côté.
Le sulfureux milliardaire s’en est allé à l’âge de 86 ans, emporté par la leucémie. Incontestablement, il aura marqué son époque. Et ses concitoyens. Mais aussi, d’une manière assez prégnante finalement, ses voisins français, à la fin du siècle dernier. On avait vu débouler l’homme d’affaires comme une fusée dans les années 80, par médias interposés. A sa manière, il avait transformé nos petits écrans. Il conviendra à chacun de penser – ou pas – qu’il injecta alors le poison qui allait faire de notre télévision une sorte de miroir bas de gamme de la société. La Cinq, c’est lui. Le clinquant, c’est lui. La série américaine plus qu’envahissante, c’est lui. A coups de millions et de millions d’euros. De francs, plutôt, à l’époque.
L’AC Milan, c’est lui aussi, en grande partie. Là encore, les moyens utilisés pour installer durablement le club sur les toits de l’Europe seraient sûrement sujets à caution… Mais tout de même. Sous l’ère Silvio Berlusconi – 31 ans de règne -, le club a remporté cinq fois la Ligue des champions.
Berlusconi s’en est allé. Avec ses réussites, ses échecs, ses secrets, ses déviances, ses déboires judiciaires, ses amitiés – avec Poutine entre autres, dont il était l’un des fervents défenseurs -, son goût très prononcé pour les jeunes filles qui lui avait valu, là également, quelques soucis… Mais indéniablement, son visage restera associé à l’histoire de l’Italie.