Clis de Bure : les nouvelles problématiques nucléaires en question
NUCLEAIRE. Lundi 6 novembre, en soirée, s’est tenue une assemblée générale du Comité local d’information et de suivi (Clis) à la salle des fêtes de Bure (Meuse). La commission nationale d’évaluation (CNE) a présenté son 17e rapport au Clis, des opposants au projet Cigéo étant également présents.
Des militants du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) ont accueilli les délégués à l’assemblée générale du Comité local d’information et de suivi (Clis) de Cigéo. A l’extérieur de la salle des fêtes de Bure (Meuse), les opposants avaient établi une haie d’honneur constituée de deux banderoles.
Vincent Lagneau, président de la CNE, a présenté son équipe de scientifiques bénévoles, dont une Suédoise, lui-même étant professeur spécialisé en hydrogéologie et géochimie.
Au cours de la présentation de ce rapport très technique, concernant le suivi de Cigéo, le président a déclaré que le domaine nucléaire a connu de nombreuses évolutions géopolitiques ces dernières années. Les responsables doivent se mettre en ligne sur les récentes décisions du gouvernement à propos de la relance de cette source d’énergie.
Du fait de la guerre en Ukraine, la France doit tirer le meilleur parti des matières combustibles afin de limiter les importations selon le président. Il a ajouté que le développement des réacteurs à neutrons rapides (RNR) permet d’utiliser la totalité de l’uranium.
Vers de petites centrales nucléaires
De plus, selon lui, de nombreuses sociétés industrielles cherchent à développer ce type de réacteurs innovants qui peuvent équiper de petites unités modulaires de production d’électricité. Celles-ci, moins rentables individuellement que les grosses centrales, pour le prix du kilowatt produit, peuvent devenir intéressantes si elles sont construites en série.
Quelles que soient les orientations politiques, a déclaré Vincent Lagneau, toutes les usines du parc nucléaire doivent être renouvelées sur une quinzaine d’années, tandis que les opérateurs doivent s’adapter aux décisions gouvernementales.
De plus, le stockage des déchets doit être utilisé au mieux car toute matière radioactive constitue un combustible potentiel. Si les stocks d’uranium appauvri ou de retraitement doivent être exploités, l’Andra étudie également l’utilisation des déchets. Les réacteurs existants doivent être prolongés jusqu’à 60 ans, voire être rendus plus puissants.
Les opposants ont contesté le fait que l’enfouissement des déchets en profondeur puisse être considéré comme la meilleure solution par la communauté scientifique internationale ; ils estiment que cette considération des années 70 est dépassée.
De notre correspondant Patrick Quercy
Le président pris à partie sur le rapport
Le militant aubois Michel Guéritte a vivement interpellé Vincent Lagneau en lui reprochant l’absence d’approche environnementale et de santé publique dans son compte-rendu. Le président lui a rétorqué qu’il ne s’agit pas d’un rapport épidémiologique.
Bertrand Ollivier, du Clis, a estimé que le rapport est “pipé” sans ce genre d’étude. De plus, le maire de Joinville s’est inquiété de savoir si les membres de la CNE, tous bénévoles, vont avoir le temps d’étudier le projet Cigéo durant encore trois ans. On lui a répondu que le suivi de l’Andra par la CNE se poursuit depuis plusieurs années et que la commission ne part pas de zéro.
Quant aux déchets bitumeux (20 % du total), on ignore encore s’ils peuvent intégrer le stockage de Bure : en cas contraire, ils devront être détruits et leurs résidus gérés par une nouvelle filière. Il est à rappeler que la radioactivité décompose le bitume, qui recouvre certains déchets, en hydrogène et hydrocarbure sensibles à la chaleur.
Les opposants, qui doutent de la réversibilité du stockage, ont distribué un document faisant part d’une étude pathologique alarmante réalisée sur 25 foyers du petit village de Ville-sur-Terre. Cette commune est voisine de Soulaines-Dhuys où se situe le Centre de stockage de l’Aube (CSA) qui est justement appelé à se développer.