Clément Thevenin, fidèle aux postes

DANS LA VOITURE DE… Mercredi 19 juillet, jhm quotidien s’est embarqué dans la voiture de Clément Thevenin, facteur basé à Joinville, le temps d’une tournée. L’occasion de constater la mutation du métier, au gré de l’effondrement de l’envoi de courrier.

Qu’elle semble loin l’image d’Épinal du facteur chevauchant sa bicyclette pour livrer le courrier. Et pourtant, si les habitudes des clients ont changé – environ 6 milliards de lettres envoyées en 2022 en France, contre 18 milliards il y a 10 ans – le rôle des 189 facteurs haut-marnais n’est, au final, pas si loin de ladite image.

Départ en tournée

Clément Thevenin est facteur, en poste à Joinville. Mercredi 19 juillet, il nous a fait monter dans sa voiture – plus exactement, nous l’avons suivi dans un autre véhicule de La Poste, car il est impossible d’embarquer avec lui, pour des raisons de sécurité. Au départ du centre de tri joinvillois, situé 3 rue des Orchidées, il va livrer plusieurs communes alentours, comme Mussey-sur-Marne (385 habitants), Donjeux (392 habitants) ou encore Rouvroy-sur-Marne (375 habitants).

Durant sa tournée, que nous avons suivie pendant 2 heures, mais qui s’est prolongée bien après, Clément multiplie les arrêts. Combien de lettres et colis livrés chaque jour ? « C’est très variable, donc difficile de donner une moyenne. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les lundis et les vendredis sont les journées les plus denses. En milieu de semaine, comme aujourd’hui [un mercredi, ndlr], c’est plus calme. Il y a davantage de colis », précise Clément Thevenin, alors qu’il vient justement de déposer un gros paquet dans une boîte aux lettres mussenne.

Quelques maisons plus loin, il est arrêté par un homme. « T’es parti en vacances ? On ne te voyait plus depuis ces derniers jours », lance-t-il à Clément. Un court échange s’ensuit. Plus tard, le facteur s’arrête boire un café au restaurant routier Vallée de la Marne. La patronne l’offre. Autant de preuves de l’implantation du facteur dans la vie quotidienne des citoyens. Et une belle manière de confirmer les dires d’un responsable du centre de tri de Joinville, quelques minutes auparavant : « La Poste est la seule entreprise à desservir 100 % du territoire, six jours sur sept. »

Métier changeant

La tournée se poursuit, avec ses rebondissements traditionnels. Ici, un post-it laissé sur la boîte aux lettres (“Je ne suis pas là, merci de livrer mon colis à la voisine”), « un bel exemple d’arrangement avec le facteur », sourit Clément Thevenin. Là, un chien, qui fait faire quelques pas de recul à l’agent postal. « C’est une des principales causes d’accident du travail pour les facteurs… », souffle une responsable de la communication. Heureusement pour Clément, ce toutou là était des plus calmes.

Le métier de facteur ne s’arrête évidemment pas à la seule distribution du courrier et des colis, qui représentait un peu moins de 29 % du chiffre d’affaires de l’entreprise en 2022. La Poste, et ses agents, sont contraints de se réinventer. Veille sur les personnes âgées, portage de repas, aide à la rénovation énergétique, mesure de la pollution de l’air, réassort de distributeurs de sandwiches… Le champ des possibles est immense, même si ce 19 juillet, c’est le portage de courrier qui a occupé la matinée de Clément Thevenin.

Car voilà, même si La Poste doit remplir quatre missions de service public – service universel postal, transport et distribution de la presse, accessibilité bancaire et aménagement du territoire – et que par le biais de prestations payantes, le rôle du facteur évolue, la proximité avec les citoyens reste le maître-mot. « C’est impossible de faire ce métier si on n’aime pas le relationnel », assure Clément Thevenin. Et sa tournée autour de Joinville le prouve. Ce qui compte, peut-être avant tout pour un facteur, c’est de connaître son territoire et les personnes qui l’habitent sur le bout des doigts.

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr