Clémence, toujours dans l’urgence
DANS LA VOITURE DE… Mardi 3 octobre, jhm quotidien a embarqué dans le véhicule de Clémence, aide-soignante / ambulancière du Smur au centre hospitalier Geneviève-De-Gaulle-Anthonioz. L’occasion d’en apprendre davantage sur les coulisses des urgences.
C’est du sport. En moyenne, Clémence fait 11 kilomètres de marche par jour. Il faut la voir, mardi 3 octobre au matin, courir aux quatre coins des urgences du centre hospitalier de Saint-Dizier, pour se convaincre du chiffre. Là, une patiente à conduire à un box avant son examen par un médecin, ici, du matériel à préparer pour une prise de sang, là encore, un électrocardiogramme à réaliser. Aucun temps mort, si ce n’est les quelques pauses clope qu’elle s’alloue.
« Dans ce métier, il n’y a pas de routine, on est toujours dans l’action, on bouge en permanence », sourit la jeune femme de 24 ans. Les journées sont intenses. Douze heures consécutives. Soit le jour – de 7 h 15 à 19 h 15 – soit la nuit. Au maximum, trois jours (ou nuits) d’affilée. « Le plus dur, en termes de rythme, c’est les trois nuits », assure Clémence, dans le service depuis juin 2022. Sa collègue Sylvie, infirmière, opine du chef.
Interventions en trinôme
Les collègues, justement, sont d’une importance capitale. Lors des interventions du Smur, ils fonctionnent en trinôme. Une aide-soignante / ambulancière – en charge de conduire le véhicule et d’assister le reste de l’équipe au mieux, notamment en transportant tout le matériel de l’intérieur du véhicule jusqu’à la scène de l’accident – une infirmière et un médecin. Les deux derniers cités sont habilités à réaliser des soins et interventions médicales, à l’inverse de l’aide-soignante.
Après avoir vérifié le véhicule, aux aurores, et en binôme avec l’infirmière, Clémence poursuit sa matinée tambour battant. Toujours aux aguets, puisqu’en moyenne, 75 personnes entrent aux urgences chaque jour. Quant au véhicule du Smur, il sort quatre fois en moyenne. Il faut dire qu’elle n’est pas du genre à aimer le calme et la routine.
Quand elle ne travaille pas, Clémence est pompier volontaire. « En repos, je me mets “de bip” (en disponibilité pour les pompiers, ndlr). J’aime aussi aller courir, et j’ai un chien, Taya, un berger australien, qui me prend beaucoup d’énergie », liste la jeune femme, cheveux blonds bouclés et yeux verts.
Dans son métier, Clémence est amenée à voir des choses qui traumatiseraient plus d’une personne. Comment est-ce qu’on gère ? « Le plus compliqué, ce sont les accidents de la route, ou quand un enfant est impliqué… Mais quand on est appelés, chacun sait ce qu’il doit faire. Et puis ensuite on débriefe en interne, chacun est à l’écoute », décrit-elle.
Soudain, le téléphone sonne
Justement, peu avant 11 h 30, le Smur est mis en alerte. Un homme est en état critique au Vert-Bois. La vitesse avec laquelle les trois soignants se mettent en marche est impressionnante, et la façon avec laquelle ils traitent l’info, sidérante. Le trajet est court – ils interviennent dans un périmètre d’environ 40 km autour de l’hôpital – mais une annonce vient le perturber : l’homme s’est jeté du 9e étage.
« On ne pourra rien faire », souffle le docteur Achraf Abou Kassem, médecin et chef du service des urgences, avec nous dans la voiture du Smur. Clémence et ses collègues se déploient, sans hésitation, sans ne rien laisser transparaître. « Si on panique dans une situation comme celle-ci, on n’est pas faits pour ce métier », explique la jeune femme. Elle aura été minutieuse pendant l’intervention, avant et après. Le choc et l’émotion peuvent se comprendre. Mais pour les soignants du Smur, il faut laisser cela de côté. Ce genre de situation n’arrive pas tous les jours, heureusement.
Dorian Lacour