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Claquettes : Aurore, elle tape du pied

A Chaumont, au sein du Top Dance Club, Aurore Vallée enseigne l’art exigeant des claquettes américaines.

« Ne regardez pas vos pieds ; ils ne travailleront pas mieux ». Devant ses élèves, leur tournant le dos mais les observant dans l’immense miroir, Aurore donne le ton, le rythme, tout. Elle donne son énergie sans compter. C’est sa marque de fabrique.

Aux extrémités des jambes fines, musclées, gainées de noir, les pieds recouverts de cuir blanc ciré dansent une folle farandole. Pas si folle que cela pour qui s’y entend un peu en claquettes : tout est millimétré.

Si les pieds font preuve d’une incroyable mobilité, le regard, lui est fixe, comme capté par un horizon imaginaire.

Tout a débuté pour elle par des cours assidument suivis deux ans durant chez une professeure de claquettes américaines. La prof aussi l’était, américaine.

Lorsqu’elle a cessé, Aurore, séduite par la discipline, a voulu prendre le relai : « je n’avais pas le bagage suffisant. Au début, je me suis débrouillée, j’ai beaucoup travaillé ». Mais elle a surtout passé un monitorat, puis un professorat. Il a fallu tout apprendre : la musique, les rythmes, apprendre un lire un morceau à l’oreille etc.

Tenace, persévérante, passionnée, Aurore a décroché son diplôme de l’Académie des Maîtres de France de Danse. Arrivée là dans sa progression, tout, en fait, pouvait commencer : la prof de claquettes chaumontaise n’a de cesse de perfectionner son art. Elle suit des stages régulièrement, partout en France où se produisent les grandes pointures internationales. Elle s’est aussi rendue à New-York pour découvrir les légendaires écoles de Broadway. Ainsi a-t-elle travaillé avec les meilleurs du monde. Aussi est-elle singulièrement légitime lorsqu’elle dispense ses cours, bénévolement, au Pôle Rostand, à Chaumont, à une vingtaine d’élèves qui sont aussi devenues ses amies.

L’association porte le nom évocateur de Top Dance Club. Aurore Vallée la préside. Bizarrement, désormais, seules des femmes en font désormais partie. Quatre cours de quatre niveaux différents sont dispensés chaque semaine : deux le lundi soir, les autres le mercredi soir. La taille raisonnable des groupes permet de travailler plus efficacement pour que tout le monde progresse tout en prenant du plaisir.

Il s’agit bien sûr des claquettes américaines, différentes des claquettes irlandaises. Pour progresser dans cette discipline, il faut d’abord faire preuve d’assiduité : une année de travail aboutit sur l’acquisition d’une chorégraphie de quelques minutes seulement. La pratique des claquettes requiert bien évidemment de la coordination, une bonne condition physique, mais aussi, on le sait moins, de la mémoire : « et si tu n’es pas pile-poil, alors c’est moche ! ».

Aurore est adepte – et cela fait son succès – d’une école ouverte. Elle ne reste pas enfermée dans le très traditionnel jazz. Pour elle et ses élèves, elle choisit aussi des airs classiques, ou de variétés.

Elle écrit ses chorégraphies sur des sortes de « partitions ». Tout est normé, rigoureux. Elle appelle cela « habiller une musique en ajoutant une autre musique, avec ses pieds ». Elle use de codes couleurs, de chiffres, d’onomatopées. Tout cela est couché sur le papier. Bon an mal an, elle en écrit quatre par an. Depuis vingt ans, faites le compte…

Les chaussures en ont sous la semelle

Les chaussures indispensables à la pratique des claquettes sont spéciales, très spéciales. Si les modèles de base sont accessibles pour une cinquantaine d’euros, les passionnés peuvent s’équiper de chaussures sur mesure dont le prix se compte en centaines d’euros. Sous la semelle très spéciale, les fers sont vissés en fonction des attentes de chacun, pour obtenir un son plus ou moins grave, plus ou moins clinquant.

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