Cigéo : les opposants pointent le « marchandage »
Le Cedra, collectif opposé à l’enfouissement des déchets radioactifs, pose un regard sévère sur les questions financières, qui font débat en Haute-Marne comme en Meuse, et qui entourent la future fiscalité de Cigéo. « Les négociations vont bon train depuis deux mois entre Meuse et Haute-Marne. Objet : la future répartition (40/60 ou 50/50 ?) de la taxe que rapporterait Cigéo en se substituant aux sous des GIP, mais aussi le montant au rabais proposé par l’Etat : 58 millions d’euros… là où les élus en réclament 120 millions ! », relève le Cedra.
« Mi-juin 2023 », poursuit le collectif, « le président du conseil général de Haute-Marne fanfaronnait : « Fiscalité Cigéo, en dessous de 120 millions d’€, on ne discute pas » (notre édition du 14 juin). Les communautés d’agglomération s’inquiètent. Ainsi Meuse Grand Sud exige aussi le doublement de la manne à 120 millions (…) « des sommes conséquentes pour nos deux départements » (Est républicain, 10/07/2023). »
Pour le Cedra, le piège se referme, les élus marchandent mais l’Etat fera ce qu’il voudra. « Le « labo » de Bure vendait du rêve : emploi, développement et prospérité. Les instances départementales de Meuse et de Haute-Marne réalisent aujourd’hui la face noire du deal. Ils n’ont plus aucun pouvoir, si ce n’est marchander honteusement. » (…) La toute récente DUP (utilité publique) qui vient d’être acquise « permet toutes les expropriations utiles ; l’OIN (opération d’intérêt général) lui donne pleins pouvoirs sur l’aménagement du territoire. Qui a réalisé que la surface dédiée à l’enfouissement a doublé récemment (29 km2 au lieu de 15) ? », questionne le Cedra.
« Et si l’appât des vingt années de laboratoire était conséquent, l’Etat va sans doute ne pas s’engager aussi fastueusement pour 150 ans (…) Ce n’est pas faute de l’avoir anticipé, annoncé, dénoncé, depuis près de 30 ans, du côté de l’opposition à l’enfouissement des déchets (…). Les trottoirs neufs, salles des fêtes rutilantes, entreprises privées subventionnées, festivals de rue et équipes de foot biberonnées, éoliennes et bâtiments vertueux, etc. font partie du décor. Ce qui s’annonce est beaucoup moins réjouissant (…) Vivre aux abords d’un tel complexe risque de tenter de moins en moins de monde. Mais la désertification à terme n’est-elle pas le corollaire indispensable à l’installation imposée de Cigéo ? Quelle marge de manœuvre aujourd’hui pour des élus pris au piège ? »