Chronique ordinaire – l’édito de Patrice Chabanet
Qu’on le veuille ou non, on finit par s’habituer à la guerre. Un phénomène d’usure encore vérifiable aujourd’hui avec le conflit russo-ukrainien. Chaque jour des dizaines de morts, civils ou militaires. La froideur des statistiques nous anesthésie, surtout quand des évènements gravissimes comme les incendies féroces et les inondations incontrôlables remplissent les petits écrans. Mais la réalité de la guerre ressurgit à la faveur d’un événement. L’Ukraine nous fournit régulièrement ces piqûres de rappel. Ainsi, hier, 17 personnes ont été tuées par une frappe russe sur un marché dans la région de Donetsk.
Moins meurtrier, mais plus inquiétant, la chute de missiles russes à quelques hectomètres de la Roumanie. Certains auraient même franchi la frontière. Un geste intentionnel des Russes ou non ? Les pays occidentaux, à commencer par le premier intéressé, la Roumanie, ont choisi de ne pas verser de l’huile sur le feu. Ils préfèrent croire qu’il s’agit de tirs mal ajustés et éviter d’enclencher la mécanique funeste de l’escalade.
Cette retenue a quelque chose de rassurant. L’Otan et l’Union européenne ne succombent pas à l’hystérie guerrière. Personne ne sortirait gagnant d’un troisième conflit mondial. Poutine est sans doute conscient du sang-froid occidental. Mais on peut craindre qu’il puisse l’interpréter comme une faiblesse permanente. Et qu’il veuille pousser ce qu’il considère comme son avantage. Une logique comme celle de Hitler qui pensait que rien ne l’arrêterait. La guerre de position qui s’est installée depuis quelques mois peut lui donner cette illusion.