Christian Moriat, toujours le stylo à la main
CULTURE. Auteur prolifique, Christian Moriat, aujourd’hui retraité installé dans l’Aube, s’est toujours consacré à des travaux d’écriture, que ce soit des poèmes ou du théâtre. Portrait d’un amoureux de la langue française, édité à Liralest-Pythagore éditions, basé à Châteauvillain.
« J’ai commencé par écrire de la poésie en 6e », se rappelle Christian Moriat. A l’époque, il ne savait pas encore qu’il allait consacrer une grande partie de son temps à l’écriture et, plus généralement, au monde de la culture. Aujourd’hui, on lui compte treize romans, trente pièces de théâtre, 456 sketchs ainsi que des contes et nouvelles. Pourtant, ce n’est pas vers ce métier qu’il se tourne naturellement. Il devient instituteur mais, durant son temps libre, fourmille de projets. Il écrit des pièces de théâtre pour ses élèves, organise un spectacle de jonglage à la Maison pour tous (MJC aujourd’hui), monte un groupe théâtral, la compagnie « L’act » et reçoit même des prix pour ses pièces. Ces dernières, tout comme ses sketchs, sont jouées en France mais également dans de nombreux pays étrangers : Argentine, Liban, Maroc, Colombie, Canada, Haïti, Inde…
Un son et lumière réussi
Dans les années 1980, on le contacte même pour écrire le son et lumière Vindovera de Vendeuvre-sur-Barse, dans l’Aube. Un gros spectacle, qui existe toujours, dans lequel il jongle et crache du feu lui-même et qui réunit parfois 3000 spectateurs. « Il y avait même de la publicité dans le métro de Paris alors qu’on était amateurs », se remémore-t-il. Cet événement avait lieu pendant les étés et Christian Moriat s’en est occupé pendant sept ans d’affilés. « Ça me prenait 10 mois sur 12. » Philippe de Villiers, créateur du Puy du Fou, est même venu les voir une fois. Il a été impressionné. Christian Moriat crée aussi d’autres spectacles, notamment au moment de Noël, où il fait participer les spectateurs, un cierge à la main.
Pendant ce temps, il continue à écrire de la poésie et publie même des recueils. Il se met aussi à la rédaction de sketchs. « Pendant un an, j’en ai écrit pour Radio France, sur l’absurde. » Quand arrive le temps de sa retraite, Christian Moriat se dit qu’il ne s’est jamais essayé au roman. Alors il se lance et parle d’abord de ce qu’il connaît, c’est-à-dire ses souvenirs d’enfance et surtout d’école. « L’école dont l’instit est un cancre » est publié aux éditions Praelego. « Dans ma carrière, j’ai souvent été en conflit avec l’administration, d’abord deux ans au collège de Chaource puis en école primaire et en maternelle, comme remplaçant. Enfin, j’ai terminé en étant directeur de l’école de Clérey, près de Troyes, pendant trois ans. » Les romans s’enchaînent ensuite, avec, par exemple, « Le Bal des pourris », un livre sur la résistance.
Les Popaul
En 2015, sa route rencontre pour la première fois celle des éditions Pythagore (aujourd’hui Liralest-Pythagore). Francis Zahnd, l’éditeur, publie « Popaul », l’histoire d’un garçon orphelin habitant une scierie dans les années 1950. « Pour celui-ci, j’ai complètement changé de style. J’ai écrit des chapitres et des phrases courts. » Un jour, ce fameux Popaul rencontre une gitane, Luana, qui est blessée. Il n’a rien à offrir à part son cœur et alors que la bohémienne disparaît, il part à sa recherche. Une aventure drôle et émouvante, avec un regard d’enfant sur le monde. « Cette histoire a tellement plu que j’en ai fait des suites. » Et pas qu’une seule. Après Popaul en 2015, Sacré Popaul sort l’année d’après et Popaulissime en 2017. En 2019, les fans découvrent « Signé Popaul » puis, le dernier, « Popaul scout toujours prêt », en 2020. Christian Moriat se délecte de son personnage, à qui il fait vivre, à chaque fois, de nouvelles aventures. Et, il a même encore quelques idées, même si c’est le premier se vend toujours le mieux. Il a même été réédité en 2019.
En dehors des Popaul, celui que Christian Moriat préfère est « Et mon cœur de battre comme un joli p’tit tambour », paru en 2019, avec un style plus classique. L’histoire se passe encore dans les années 1960 et présente un garçon adopté. Il accompagne son père adoptif, victime d’un accident et devenu tambour de ville. Un petit conte de Noël, tendre et sensible. Pour son dernier livre, paru en 2021, toujours chez Liralest-Pythagore, Christian Moriat a décidé d’explorer le style policier avec « La chair salée a disparu ». « Quand je faisais le son et lumière, je travaillais avec un historien local et je me suis souvenu de cette coutume de Troyes. Au XVIIIe siècle, on promenait un dragon dans les rues pendant les trois jours de Rogations, pour fêter le retour du printemps. » Christian Moriat imagine ensuite que cette créature disparaît, seulement huit jours avant ces festivités. Deux limiers commencent à enquêter dans les maisons de passe. « J’ai fait de cette histoire une enquête policière. C’est historico-humoristico-policier », résume-t-il en riant.
Aujourd’hui, Christian Moriat continue à écrire, romans et poésies, et ne s’arrête jamais. « J’écris comme je parle, je ne fais pas de plan. » Il a encore bien d’autres œuvres à montrer au public. D’ailleurs, l’écrivain adore rencontrer ses lecteurs, faire des dédicaces et avoir des retours.
Laura Spaeter
l.spaeter@jhm.fr
Sur le site de Christian Moriat, www.laplanchamots.fr, de nombreux écrits, complets ou par extraits, sont disponibles en lecture libre. Il écrit même un roman intitulé « Le temps des loups », qu’il agrémente, chapitres après chapitres, au fil du temps.