Chirurgie militaire et guerre de 1870

Le musée vient de concocter un programme relatif à la chirurgie militaire, avec notamment un camp durant la guerre de 1870. Revenons sur cette guerre souvent oubliée mais qui a fait des dégâts particulièrement à Nogent.

En 1869, le gouvernement de Napoléon III s’inquiète de la menace que représente pour la France l’installation d’une dynastie prussienne en Espagne.

Bien que le prétendant au trône espagnol Hohenzollern renonce à sa place, l’inquiétude des Français demeure. Le chancelier Bismarck transmet aux journalistes allemands un communiqué tronqué (la dépêche d’Ems) ressenti à Paris comme un affront. Le 19 juillet 1870, la guerre est déclarée.

Une guerre rapide

L’armée napoléonienne (désorganisée) compte 300 000 hommes. L’armée adverse possède avec la Prusse et l’Allemagne du nord, 500 000 combattants immédiatement disponibles. La guerre dure à peine six mois et se déroule presqu’exclusivement sur le territoire français.

La France perd l’Alsace, la Lorraine est envahie. Le conflit prend fin avec la désastreuse bataille de Sedan qui amène la chute de l’Empire et la proclamation de la République, le 4 septembre 1870. Le médecin de Nogent, Alfred Flammarion, est sur le champ de bataille et opère. Il reviendra s’établir à Nogent, sa maison est proche du monument dit des Mobiles.

Capitulation

Paris, bombardé, affamé, se rend le 28 janvier 1871. C’est la fin de la guerre. En mars éclate l’insurrection de la Commune de Paris qui a été écrasée dans le sang en mai. Enfin, le 10 mai 1871, le traité de Francfort est signé : la France perd l’Alsace et une partie de la Lorraine. Elle doit payer au vainqueur la somme colossale de cinq milliards de francs.

Les Prussiens à Nogent

Le 6 décembre 1870, les Allemands viennent à Nogent toucher la réquisition de guerre qu’ils avaient imposée deux jours avant. Pendant ce temps, un patriote court chercher une compagnie de Mobiles de Haute-Savoie cantonnée à Vitry. Les Prussiens s’enfuient.

Mais le 7 décembre, les Prussiens reviennent à Nogent, ils sont 800 et 50 cavaliers. Ils avaient ordre de bombarder, de piller, de fusiller, d’incendier. Immédiatement, dans le quartier des Hautes-Vignes, la fusillade éclate, une guérilla de rues et de maisons.

Les Prussiens prennent quinze otages qu’ils emmènent à Chaumont.

Nogent devient une place de guerre. Le 12 décembre, attaque sanglante à 4 h du matin, 2 000 Prussiens se mettent en campagne. Ils pénètrent dans les maisons, massacrent ceux qui s’y rendent et mettent le feu partout où ils ont vu un uniforme français. Plus de 60 maisons sont la proie des flammes.

La ville haute après six heures de bombardement est livrée au pillage et à la soldatesque. A 8 h du soir, tout est terminé. Nogent est ruiné, la moitié de la ville en cendres, 200 cadavres jonchent le champ de bataille.

Nogent devra être détruit et la population décimée. Le maire étant déjà pris en otage, c’est l’abbé Mettrier, curé de Nogent, qui offre sa vie pour épargner les Nogentais. Finalement le gouverneur épargna la Ville et libéra les prisonniers. Une garnison fut imposée à Nogent et les réquisitions continuèrent.

Colonne commémorative

La ville de Nogent meurtrie décide d’élever un monument commémoratif aux victimes tombées sur son territoire en 1875. Des restaurations eurent lieu mais celle de 2014 fut conséquente et inaugurée par une cérémonie en 2015 pour ses 140 ans. Bernard Dimey immortalisa ce monument dans son poème “L’enfance”.