Chères lettres au président
Dans le cadre des causeries du vendredi, la librairie Larcelet a reçu la visite de Michel Offerlé, professeur de sociologie, vendredi 22 avril. Ce dernier a échangé avec le public autour de son livre “Ecrire au Président : enquête sur le guichet de l’Elysée”, co-écrit avec Julien Fretel.
L’auteur a d’abord expliqué la démarche pour entrer en immersion au sein de la correspondance présidentielle. Les deux hommes sont restés dans le service de la correspondance présidentielle trois mois, à raison de trois séances par semaine, début 2017. Le courrier sous François Hollande et aussi en partie sous Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron et François Mitterrand a été au cœur de cette étude.
Chaque jour, ce sont 1 000 à 1 500 messages, dont 300 à 500 courriers postaux, qui sont adressés au président de la République et que doit gérer le service du courrier de l’Elysée. Michel Offerlé a indiqué que « le service les classe en trois catégories ».
« L’expression d’un cri de colère, de révolte, d’appel à l’aide »
Il y a le courrier réservé, c’est-à-dire celui provenant d’élus, de grands patrons, d’artistes connus, de leaders d’opinion et, de l’autre, les lettres d’opinion et les requêtes qui relèvent principalement de gens désespérés avec des témoignages très intimes. «Les gens parlent de leurs préoccupations quotidiennes, la difficulté à finir les mois, un surendettement, une maladie grave, un enfant handicapé, des problèmes de logement… Ces lettres sont l’expression d’un cri de colère, de révolte, d’appel à l’aide», a souligné Michel Offerlé. Des documents comme des factures, des feuilles d’imposition, des courbes sont joints pour attester des situations.
Malheureusement, les courriers sont majoritairement transmis aux préfectures et aux services sociaux. « La réponse est une lettre type, avec plus ou moins d’empathie selon les chefs de service », a précisé l’auteur-sociologue.
Depuis 2020, le service s’appelle désormais service de communication directe. Si les jeunes sont la catégorie qui écrit le moins, il n’est en revanche pas rare que le service reçoive des dessins d’enfants.
De notre correspondant Adrien Jeanson