Chaumont : des jeunes de la mission locale imaginent un tiers lieu
Après dix jours de travail, trois jeunes accompagnés par la mission locale ont présenté à l’espace Bouchardon un projet de création de tiers lieu. Initié dans un cadre pédagogique, cet espace pourrait voir le jour.
« Nous voulons un espace pour créer du lien social et favoriser l’échange », soutient Pierre Boyer, un jeune suivi à la Mission locale. Pour se faire, il a imaginé, avec deux camarades, un tiers lieu qui a été présenté devant des élus à l’espace Bouchardon. Un tiers lieu regroupe dans un même endroit différentes activités, entre travail et loisirs.
Ce projet pédagogique de création d’entreprise a été réalisé en collaboration avec deux autres jeunes accompagnés par la Mission locale : Nassima Zuka et Ryan Henry. Pour leur tiers lieu, les trois entrepreneurs en herbe ont imaginé des pièces à thèmes. Pour le divertissement, ils ont pensé à une cuisine pour organiser des ateliers, un espace culture avec des livres et des CD, un coin jeux vidéo et de société ou encore une salle de sport. Pour le côté professionnel, ils envisagent une pièce pour aider à la recherche d’emploi et une autre pour travailler. « Nos valeurs résident dans la convivialité, le partage et l’entraide », soutient Nassima Zuka.
Economie sociale et solidaire
« Vous avez acquis une méthode de projet en 35 h. En vous rencontrant la semaine dernière, je n’aurais jamais imaginé que vous réalisiez un travail de cette envergure », complimente Aline Collot, chargée de la Fabrique à Projets Haute-Marne. Pour cette création d’entreprise fictive, mais digne d’être proposée devant un banquier, les jeunes de la Mission locale ont disposé de dix jours. Ils ont travaillé sur différentes étapes d’un business plan : étude de marché, communication, stratégie de lancement et projection financière.
Au-delà de se familiariser avec le monde entrepreneurial, ils ont découvert l’économie sociale solidaire (ESS). « L’ESS apporte de la convivialité », juge Ryan Henry. De son côté, Nassima Zuka y apprécie « le contact avec les gens ». L’ESS propose une approche différente de l’économie. Sa vision est centrée sur une recherche d’utilité collective, une lucrativité limitée – en réinjectant les capitaux dans l’entreprise au lieu de verser des dividendes à des actionnaires – et une gouvernance démocratique.
« Un lieu d’échange manque »
Pour les trois jeunes, la semaine a été riche en savoir-faire et être. « J’ai l’impression que Nassima est transformée, qu’elle va éclore », apprécie Marie-Neige Fonseca, sa conseillère de la Mission Locale. De son côté, l’intéressée met en avant l’apprentissage de nouvelles connaissances. « Ça m’a donné une idée de ce qu’est la création d’entreprise. Maintenant, je connais les démarches. » De son côté, Pierre Boyer déclare que l’expérience l’a aidé à « améliorer ma capacité à travailler en équipe ».
D’après les résultats de l’étude de marché, les Chaumontais se déclarent favorable à la création d’un tiers lieu. Idem pour l’audience venue écouter la présentation. « Vous êtes la première pierre à l’édifice », affirme Aline Collot de la « Fabrique à Projets ». Le projet pédagogique maintenant terminé, le futur de ce potentiel tiers lieu se trouve entre les mains des politiques.
« Un lieu d’échange manque à Chaumont », déplore Séverine Maroilley, cheffe de projet cohésion sociale et santé à l’Agglomération. En janvier prochain, de nouveaux groupes de travail doivent plancher sur le sujet. De quoi donner des espoirs pour son aboutissement. Une reconnaissance certaine du travail des trois jeunes. « Ça serait vraiment bien que cela se créé, on a besoin d’un lieu comme ça à Chaumont », espère Pierre Boyer.
Julia Guinamard – j.guinamard@jhm.fr