Chaumont : « Aucune maraude ne se ressemble »
Mercredi 17 novembre au soir, Clément et Nathalie ont effectué leur première maraude ensemble pour l’association La Passerelle. Le but de cette démarche est de proposer de l’aide, une collation et/ou un hébergement d’urgence à des personnes errantes dans la rue. Rencontre.
Mercredi 17 novembre, 20h. Clément et Nathalie se retrouvent dans les locaux de l’association La Passerelle, rue Félix Bablon. Ce sont des maraudeurs, ils patrouillent le centre-ville afin d’apporter leur aide aux personnes en difficulté dans la rue. Avant leur ronde, les deux bénévoles regardent le cahier des maraudes afin de voir si un événement particulier s’est déroulé lors des soirées précédentes.
« Cela nous permet aussi de cibler un secteur si jamais le binôme précédent a noté quelque chose de particulier », explique Nathalie, qui entame sa 4e année de maraude avec Clément dont c’est la deuxième soirée. Ils doivent ensuite préparer un sac avec un thermos d’eau chaude, du café soluble et des gâteaux, afin de proposer un en-cas aux gens qu’ils pourraient rencontrer.
Une fois tout cela prêt : direction la gare. Cet endroit est stratégique pour les maraudeurs. « C’est devenu un lieu de rencontre pour les personnes qui connaissent l’association », souligne le binôme. « Les gens savent que nous passons vers 20h, 20h15, alors certains nous attendent pour que nous puissions leur donner une collation bien chaude ou leur permettre de contacter le 115 », poursuit-il. C’est pourquoi à leur arrivée, les maraudeurs vont directement parler au chef de gare afin d’échanger avec lui sur les événements de la soirée.
La gare, lieu stratégique
D’ailleurs, l’équipe de la SNCF explique qu’un jeune homme est dans le hall de gare et qu’il n’a nulle part où aller. Nathalie et Clément vont à sa rencontre. Ils apprennent que Moussa a été évacué de son train pour Paris car il n’avait pas payé son billet et n’avait pas d’argent pour en acheter un. Le 115 explique qu’il ne peut pas bénéficier d’un hébergement d’urgence parce qu’il est mineur.
Moussa a 17 ans, il a quitté la Côte d’Ivoire pour retrouver sa famille à Paris. Quand les maraudeurs proposent à l’adolescent d’aller au poste de police pour qu’il puisse trouver un lieu pour dormir, il refuse. Moussa n’a pas de papiers.
Nathalie et Clément vont alors chercher un duvet donné par l’armée et une soupe bien chaude, préparée par l’association, avant d’accompagner Moussa dans le sas d’une banque proche de la gare. « Au moins, il sera à l’abri pour cette nuit, mais demain, il devra trouver une solution pour repartir ou se loger », explique Clément. Mais Moussa sait déjà ce qu’il va faire, reprendre le train pour Paris. Tant pis s’il se fait à nouveau sortir en gare.
« C’est mieux si nous ne trouvons personne dans les rues, cela veut dire que personne n’a besoin de notre aide. Mais, d’un autre côté, on se sent utile quand on donne quelque chose, ne serait-ce qu’une soupe », souligne Clément.
En repartant, le binôme passe devant le square Lebon, puis dans le vieux Chaumont, arrivant ainsi devant la mairie. Il reprend ensuite la rue de Verdun pour couper par le Signe et le cinéma afin de revenir à la gare.
C’est là qu’un autre jeune homme se trouve. Lui aussi est mineur et a été sorti du dernier train montant à Paris. Abraham refuse lui aussi d’aller voir la police car il est sans papier. Les bénévoles, avec l’accord du 115, décident de mettre les deux adolescents ensemble. Abraham recevra également un duvet et la traditionnelle collation. « Nous ne demandons pas à récupérer les duvets le lendemain. Nous préférons que les gens en prennent soin ou qu’ils soient donnés à d’autres personnes, également dans le besoin », précise Nathalie.
La maraude s’est terminée vers 22 h 30 sans autre rencontre. Ainsi, les bénévoles sont retournés dans les locaux de la Passerelle et ont écrit les événements de la soirée avant de rentrer chez eux, avec le sentiment réconfortant d’avoir apporté un plus à ces deux adolescents.
Caroline M.Dermy
c.dermy@jhm.fr