Château Maillard du dehors au dedans : le triomphe constant des corps
Plusieurs centres d’intérêt convergent vers Château Maillard, une maison forte dont une façade porte, gravée, la date de 1594. Son architecture, son jardin, son histoire aussi, son intérieur foisonnant, son atmosphère surtout sont autant de « bonnes raisons » pour s’y rendre. C’est à Fresnes-sur-Apance.
« On a investi trois fois le prix qu’on l’avait achetée ». Bref, Roland Cerff et Marcel Joosen ont totalement repris cette maison forte située au cœur du village, de la toiture à l’électricité. Ils s’y sont même installés quand les travaux ne faisaient que commencer. Roland a quitté Maizières-sur-Amance, Marcel est parti de Chatillon-sur-Saône pour vivre dans cette bâtisse appelée Château Maillard, du nom du « co-seigneur de Fresnes-sur-Apance » Philippe Maillard, du chapelain qui y avait intégré l’école de la Trinité. C’est au XVIIIe siècle que la maison a été notablement agrandie. « On entrait par le côté sud, là où est le pigeonnier ». Dont l’intérieur est fait d’un matériau inhabituel : les cavités où se nichent les oiseaux sont en pierre. Voilà pour l’anecdote, au plan architectural. On change de calibre avec l’escalier, une autre caractéristique des lieux, large de quatre mètres, et une flopée de cheminées, on croit en voir une nouvelle dans chaque pièce. Et puis, à l’arrière, invisible de la route, cet élégant jardin Renaissance dit « des seigneurs » à la manière de ceux des châteaux également, la demeure conserve une allure de maison forte, même si son édification est postérieure à leur grande époque. Ses meurtrières attestent ainsi l’intention défensive de sa construction.
C’est un peuple qui vit ici
Il règne surtout une atmosphère dans Château Maillard, qui reste d’abord une maison vivante, en étant occupée. Vivante, en étant encombrée d’objets d’art, de livres, d’ateliers de sculpture, et où un canapé est toujours là pour s’installer confortablement. Et puis l’œuvre de Marcel Joosen est partout. Il a finalement fait de la demeure un espace d’exposition et ses œuvres investissent toutes les pièces. Le jardin des seigneurs aussi est transformé en galerie. C’est tout un peuple qui réside ici, incarné par des corps sculpturaux d’hommes nus à la peau noire, dont la virilité est célébrée, parfois crûment. Même la cave accueille, à la place de Chassagne-Montrachet, de Gevrey-Chambertin, de Santenay…, des silhouettes musculeuses, aux postures lascives voire soumises, il y a de l’érotisme dans l’air et ce n’est pas l’éclairage étudié qui dissipera ce sentiment.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
« Rapide comme le cerf pour servir ». Avec un blason à lui, Roland s’est créé sa propre devise. Naturellement fidèle à celle-ci, il suffit de le contacter au 03 25 87 84 76 pour lui demander de pouvoir visiter les lieux en dehors des mois de juillet et août, de 15h à 19h.