Château du Grand Jardin : La guerre déclarée aux ennemis du buis
Dans les jardins du château de Joinville, les jardiniers mènent une guerre sans merci aux ennemis du buis que sont la pyrale – une chenille qui les dévore -, et un champignon aussi redoutable qu’invisible.
L’automne montre tout doucement qu’il est là. Au château du Grand Jardin, l’équipe de jardiniers a fait place nette et prépare la terre pour la plantation des bulbes qui s’épanouiront au printemps. Le jardin s’étend sur une superficie de près de 4,5 ha. Les buis y ont la part belle. « Nous avons environ 2 km de petites haies de buis ou “broderies” dans le jardin Renaissance ainsi que 193 topiaires : boules, spirales ou cônes », détaille Cédric Bronnimann, chef des jardiniers et salarié du Département. S’ajoutent les 533 pieds de buis de la collection du parc romantique.
Le buis donne un cachet fou aux extérieurs du château du Grand Jardin. Mais pour préserver cette splendide architecture végétale, les jardiniers traquent sans relâche les ennemis du buis. Ils sont deux, particulièrement redoutables, dans le viseur.
Joli papillon, maudit pour le buis
« La pyrale du buis est bien connue. Il s’agit d’une chenille qui dévore les feuilles. Quand on en voit quelques-unes, cela ne semble pas méchant, mais elles se reproduisent très vite… » Capables de pondre de très grandes quantités d’œufs, ces papillons gris et blancs font croître leur espèce de façon exponentielle. « Nous surveillons sans cesse les buis pour repérer les attaques. Nous avons aussi posé des pièges à base de phéromones pour capturer les papillons. Nous en trouvons régulièrement », détaille le jardinier en chef en montrant deux papillons de la pyrale du buis. Depuis la semaine dernière, une nouvelle attaque a débuté.
Pour venir à bout de ces chenilles indésirables, un traitement est possible. Il a d’ailleurs été réalisé cette semaine – mercredi et jeudi – pour stopper la multiplication des insectes. « Nous traitons avec du Bacille de Thuringe qui est un produit utilisable en agriculture biologique. C’est efficace, mais il faut traiter dès que c’est nécessaire. On compte jusqu’à trois attaques par an, en mars, juillet et octobre », résume Cédric Bronnimann.
Un champignon microscopique
Le deuxième hôte indésirable est invisible. Cylindrocladium Buxicola est un champignon microscopique dont la dernière attaque remontait à 2013. « Ces petites taches noires sur les feuilles indiquent la présence de ce champignon. Après les feuilles, il attaque les tiges… Des prélèvements ont été faits et analysés par le Laboratoire départemental. Ils sont revenus positifs. » Le printemps et l’été exceptionnellement pluvieux et sans fortes chaleurs ont été favorables au Cylindrocladium Buxicola qui prolifère joyeusement.
Que faire ? « Nous avons déjà eu une grosse attaque au 14 juillet et depuis ça se poursuit. Il n’y a pas de traitement pour l’éradiquer. On ratisse, on balaie les feuilles pour éliminer les spores. On désinfecte nos outils… » Un protocole de traitement pour limiter les effets de ce dévastateur a été lancé. Il est à base « de bouillie bordelaise, de biostimulants et de bacilllus subtilis », reprend Cédric Bronnimann. Ce traitement a été réalisé cette semaine, pour la première fois de l’année, en même temps que celui de la pyrale. « Nous avons été formés et nous portons l’équipement adéquat », tient à préciser le chef des jardiniers. Même s’il ne détruit pas le champignon, peut-être limite-t-il au moins un peu les dégâts…
Le gel et le froid en sauveurs ?
Cédric Bronnimann compte sur l’arrivée du froid et du gel pour limiter l’action de ces deux dévastateurs. Dans l’ensemble, la lutte menée s’avère payante car les buis sont toujours superbes. Ce n’est qu’en regardant de près, à certains endroits, que l’on peut voir les dégâts générés. Le jardinier en chef n’est pas pessimiste et pense qu’en maintenant les efforts, les buis peuvent être conservés sans soucis au Grand jardin. « Sur certains sites, ils ont carrément arraché leurs buis pour les remplacer par une variété résistante. Mais c’est un travail de titan et un coût conséquent. Heureusement, nous en sommes loin. »
Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.f
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