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Fin de l’agrainage, fin de la chasse ?

Photo d’illustration. Jean-Louis Demassey lance une pétition contre l’arrêt de l’agrainage.

Jean-Louis Demassey, membre du conseil d’administration de l’association des chasseurs de grand gibier de Haute-Marne, s’inquiète pour l’avenir de la chasse. Il pointe la fin de l’agrainage, mais aussi l’industrialisation de l’agriculture et le dérèglement climatique.

« La chasse va droit dans le mur, autant pour le grand gibier que pour le petit. Il faut tirer la sonnette d’alarme, sinon on va perdre tous les chasseurs », déplore Jean-Louis Demassey, membre du conseil d’administration de l’association des chasseurs de grand gibier.

Il appuie son constat avec un arrêté préfectoral interdisant l’agrainage du 1er décembre au 28 février, mais aussi avec les répercussions de l’industrialisation de l’agriculture ou encore le dérèglement climatique. A ses yeux, la nature offre de moins en moins de ressources à la faune. Les forêts sont notamment de plus en plus parcellées et atteintes par la sécheresse.

Sécheresse, faune et flore : le combo perdant

« Les sangliers mangent les fruits des hêtres, des chênes et des frênes. Mais, il y en a de moins en moins. Si les populations de frênes vont plutôt bien, ce n’est pas le cas des hêtres. Avec les sécheresses, ça fait deux ans qu’il y a peu de fructifications. Aujourd’hui, il n’y a plus d’arbres centenaires comme dans le temps, mais ce sont eux qui donnent le plus de fruits. Et, avec tout ça, on veut arrêter l’agrainage… Mais que vont manger les sangliers ? Ils vont aller dans les champs ! », estime Jean-Louis Demassey.

Sur l’état des forêts, Jean-François Thivillier, le directeur de l’Office national des forêts nuance : « Il y a un dépérissement sur le hêtre, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de fruits forestiers. Quand un arbre se meurt, sa première réaction est de fructifier ». Néanmoins, l’ONF a bel et bien le projet d’adapter les forêts au dérèglement climatique. En effet, la chaleur et la sécheresse rendront le hêtre non adapté à la région d’ici une cinquantaine d’années. 

chasse

La hausse de températures se répercute également directement sur les animaux. « Normalement, les laies mettent bas en mars – avril. Aujourd’hui, elles ont une période de chaleurs supplémentaire et des petits naissent en été. Mais en été, avec la sécheresse, tous ont de grandes chances de mourrir », indique Jean-Louis Demassey. Comble de la situation, pendant les sécheresses de cet été, il a été interdit d’abreuver les animaux dans la réserve intégrale du Parc national. Certains sont morts de soif.

Des fermes et machines toujours plus imposantes

Par ailleurs, le développement de fermes toujours plus étendues réduit les zones d’alimentations des animaux sauvages. « On essaie de faire du grand gibier, mais, avec de plus en plus de fermes rachetées par des grosses structures, davantage de terres sont dédiées à la culture. Il y a moins de haies et de parcelles de forêts. Les fruits forestiers sont isolés à droite à gauche », explique Jean-Louis Demassey. Il prend pour exemple le rachat récent d’une ferme à Soulaincourt, dans le nord-est de la Haute-Marne. « Il y avait un hectare sans culture. Ils ont tout rasé pour cultiver », indique-t-il.

Les menaces pesant sur le gibier sont également accentuées par des machines agricoles toujours plus imposantes. « On a du matériel de plus en plus gros et c’est un problème. Aujourd’hui, les faucheuses mesurent 8 à 10 mètres de large et font moins de bruits. Quand j’avais 18 ans, elles faisaient 1m80. Quand la machine passait, l’animal avait le temps de s’enfuir. Là, la machine est tellement grande qu’il n’a pas le temps de partir. Il se retrouve piégé et broyé », explique l’homme aujourd’hui retraité.

« Des pertes économiques »

Avec beaucoup d’émotions, il partage une histoire : « Un matin, j’ai vu une biche qui cherchait ses petits. Dans un champ, j’ai repéré des corbeaux et une buse. J’y suis retournée discrètement le soir et j’ai trouvé deux carcasses de faons. Ils s’étaient fait piéger par une faucheuse ».

Ces différents points lui font craindre des années mortifères pour le gibier et la fin de la chasse. « De moins en moins de Haut-Marnais vont pouvoir la pratiquer. Les chasseurs extérieurs au département ne vont plus venir. Pour les gîtes et les restaurateurs, cela va représenter des pertes économiques », conclut Jean-Louis Demassey.

Julia Guinamard

j.guinamard@jhm.fr

Jean-Louis Demassey lance une pétition contre l’arrêt de l’agrainage. Pour y participer, lui écrire au 9 rue du Moulin 52230 Cirfontaines-en-Ornois.

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