Charmes en chalet : « une saison estivale correcte », pas au-delà
Durant deux ans, le virus du Covid a étouffé la fréquentation des chalets de Jean-Luc Arnoult à Charmes. Malgré des soucis privés, le bâtisseur a tenu bon. Cette fois, une vraie saison estivale débute, et sous des auspices favorables. Toutefois, sa singularité le déconcerte.
« Les premiers vacanciers arrivent cette semaine, après son homologue bâtarde pendant laquelle on ignore où sont les gens : le décalage du calendrier des congés d’été, c’est n’importe quoi… ». Aux yeux du patron de Charmes en chalet Jean-Luc Arnoult, voilà un motif sérieux pour faire patiner le décollage de la saison estivale 2022. Il en veut pour preuve « le renforcement » qu’il constate dans ses réservations… « après ». La sortie de deux années pendant lesquelles le virus du Covid a notablement paralysé le secteur du tourisme aurait en somme mérité d’éviter une période de flottement, synonyme de retardement des départs en vacances. Toutefois, Jean-Luc parie sur « une saison estivale correcte ». Mais diable que la demande a évolué. « Je vais accueillir des personnes de passage, généralement étrangères, qui séjournent au plus une semaine ». Pour l’heure, Jean-Luc met une croix sur la clientèle familiale française, qui prenait ses quartiers plus longtemps. « Il y avait pourtant de beaux budgets vacances cette année, et la peur d’être confrontés à des grèves dans les transports aurait pu avantager Charmes en chalet. Sauf que cette clientèle a des problèmes de riches. Elle réclame une piscine privative et/ou un sauna privatif, voire une conciergerie…privative. Elle s’inquiète aussi de savoir s’il y a une discothèque à proximité du domaine, un bar… Bref, elle recherche le niveau de services d’un cinq étoiles… ». Il y a encore une autre raison pour que Jean-Luc renonce à parler de renaissance. « Le spectre du Covid hante les gens ». Sans compter que l’inflation s’est invitée. Au total, il prévoit que la saison 2022 s’écoule en composant avec « une clientèle volatile ». Trop « anxieuse » pour que le patron laisse le souvenir d’une parenthèse douloureuse derrière lui.
Des nouveautés à la queue-leu-leu
« Heureusement, Charmes en chalet est ouvert toute l’année, contrairement à de nombreux autres hébergements ». De sorte que, même à « prix cassés », la basse saison est un filet de sécurité pour l’entreprise de Jean-Luc. Ses chalets accueillent des personnels de gros chantiers -développement d’un parc éolien, déploiement de la fibre, transport et maintenance ferroviaires. Et puis Jean-Luc paraît disposer de réserves d’énergie inépuisables. Les projets qu’il avait en tête continuent de se déplier, à la queue-leu-leu. Il a d’ailleurs embauché -deux personnes à temps partiel pour l’entretien hôtelier et trois pour construire des hébergements. Après la Fuste du bûcheron, le Refuge du pêcheur et son bassin, le Pavillon du voyageur et son annexe dans les arbres, la Fantaisie, le Temps des copains, c’est le Cocoon qui pourra être investi par ses premiers locataires le 22 juillet. Ce n’est pas tout.
« Je restaurerai alors la cabane à pêche » aménagée dans un ancien wagon. Et un nouvel hébergement en perspective, un. Un septième chalet verra également bientôt le jour, et de deux unités à grossir les rangs du domaine de la Goutte (du nom d’une source qui jaillissait petitement), deux. Plus tard cette fois -« d’ici à trois ans »- trois hébergements insolites se loveront… dans la terre herbeuse, et les amateurs de bien-être auront une salle dédiée aux massages, à l’onglerie… « En phase 3, une piscine en dur sera creusée, avec un Kota grill pour se réunir autour de grillades ou de fritures ». Dernière étape du développement inexorable de Charmes en chalet ? Pas sûr, pas sûr. « Peut-être qu’ensuite, je ferai une cabane sur pilotis adossée aux arbres… ». Si « la paperasse » gloutonne désormais trop de temps au chef d’ « une petite PME », il demeure un bâtisseur, porté par une imagination foisonnante.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
