Charles Duvent, le souffle de l’inspiration
Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus, Michel Henry… Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’Histoire de leur empreinte. Mais, à côté de ces héros incontournables, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Ce sont “les illustres inconnus de Langrois”. Aujourd’hui, Charles Duvent.
Riche de feue son école municipale de dessin, la ville de Langres a, au fil des siècles, produit quantité de peintres de grand talent, de Jean Tassel à Michel Henry, en passant par Jules-Claude Ziegler. Moins connu que ses augustes aînés, Charles Duvent a, lui aussi, embrassé une belle carrière. Réputé pour la qualité de ses portraits et de ses paysages orientaux, l’artiste-peintre a notamment été nommé “peintre de l’armée”, nourrissant, là aussi, une tradition solidement ancrée puisque Jules-René Hervé et Max Hervé ont obtenu la même distinction pour nombre de leurs travaux.
Né le 26 juin 1867 à Langres, Charles Duvent a, après sa jeunesse lingonne, rejoint Paris dès la première partie des années 1880 pour y devenir l’élève de l’orientaliste Gustave Boulanger et du portraitiste Jules Lefebvre. Sa formation, incontestablement, sera à la genèse de son œuvre. Les peintures orientales et les portraits formeront ainsi, par la suite, l’essentiel du travail, très apprécié, de Charles Duvent.
Très talentueux, Charles Duvent se distingue dès 1884, à l’âge de 17 ans, au Salon des artistes français, où il exposera régulièrement dans les années suivantes et obtiendra, en 1893, une médaille de troisième classe. Ainsi repéré, le jeune Langrois s’attire alors des critiques élogieuses. En 1894, le prestigieux Mercure de France écrit ainsi : « M. Charles Duvent est l’un des trois ou quatre portraitistes de mérite de la jeune génération ». Sa plus belle récompense lui est attribuée en 1900, avec une médaille d’argent obtenue à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris. En 1901, sur recommandation du conseiller d’Etat Olivier Sainsère, l’Etat lui commande un triptyque intitulé “La Joie par le travail”.
Un ami du général Weygand
Cette sollicitation lui ouvre ensuite les portes gouvernementales, et Charles Duvent devient, au fil des années, l’un des peintres des armées en général, et des actions dans les colonies françaises en particulier. En 1913, il exécute notamment le tableau “Entrée du général Lyautey à Marrakech”, conservé depuis 1997 au Musée d’art et d’histoire Guy-Baillet de Langres. L’une de ses œuvres les plus connues est, par ailleurs, une vue de Reims bombardée en 1915, durant la Première Guerre mondiale.
Patriote affirmé, il accompagne l’armée durant de nombreuses décennies et se lie notamment d’amitié avec le général Weygand, futur chef d’état-major de l’armée française durant la Débâcle de 1940. Il est fait chevalier (1903) puis officier (1921) de la Légion d’honneur et préside durant plusieurs années la Société amicale des artistes français. Il meurt à Paris le 23 janvier 1940. A l’initiative de sa famille, un Prix Charles-Duvent a été créé, remis par le jury de peinture du Salon des artistes français. Le musée Guy-Baillet lui a consacré deux expositions temporaires, en 1997 et en 2021.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr