Charles Clerget, la précision militaire de l’archiviste
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus, Michel Henry… Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’Histoire de leur empreinte. Mais, à côté de ces héros incontournables, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Ce sont “les illustres inconnus de Langrois”. Aujourd’hui, Charles Clerget.
Notre “Illustre inconnu de Langrois” du jour est un cas particulier. S’il a eu une honnête carrière militaire, Charles Clerget n’a réalisé aucun acte de bravoure ou historique, qui, à l’inverse d’autres officiers nés à Langres, aurait pu lui valoir gloire et notoriété. Il n’a, en réalité, qu’un seul fait d’armes à son actif, qui lui vaut surtout, aujourd’hui, la reconnaissance des historiens militaires. Bombardé à la tête du service d’archivage de l’armée française durant le XIXe siècle, il s’est, en effet, attelé à la tâche avec brio.
Né à Langres le 8 octobre 1795, issu d’une des plus grandes familles langroise du siècle des Lumières (les Clerget ont, notamment, compté plusieurs magistrats de haut-rang, en lien avec la famille des Richard-de-Foulons), Charles Clerget se destine, pour sa part, à la carrière militaire. Il rejoint l’Ecole Polytechnique le 1er novembre 1815, avant d’être admis à l’Ecole d’artillerie de Metz, puis à la toute nouvelle Ecole d’état-major, en 1819.
Après divers stages, notamment au sein des Cuirassiers de la Reine, au 1er régiment d’artillerie et au 8e régiment d’infanterie de ligne. Il est, à cette issue, nommé lieutenant du corps royal d’état-major le 12 novembre 1824. Sa carrière opérationnelle ne durera pourtant que six mois, puisqu’il est finalement nommé, aux travaux de la carte de France. Passé capitaine, il rejoint le Dépôt de la guerre, où il demeurera jusqu’à son trépas.
C’est à ce dernier poste qu’il va pleinement donner la mesure de ses talents. Il y assure le classement et l’étude des Archives des guerres, batailles et d’ordre militaire sous la Révolution, le Consulat et l’Empire. Un travail titanesque qui lui permet finalement la production du Tableau des armées françaises pendant les guerres de la Révolution, édité par la librairie militaire Chapelot. L’ouvrage, qui fait autorité, bénéficiera par la suite de multiples rééditions, jusqu’à la dernière récemment effectuée par l’université Harvard, qui l’a intégré à son corpus documentaire. Consacré chevalier puis officier (en 1848) de la Légion d’honneur, Charles Clerget meurt à Paris le 16 mars 1849.
N. C.