Charles Bouchard, un « Maître de la médecine française »

Il y a 120 ans, Pierre et Marie Curie obtenaient un prix Nobel de physique. Leur nom avait été proposé par leur ami, un Haut-Marnais, le professeur Charles Bouchard, éminent médecin français né à Montier-en-Der et ayant grandi à Joinville.

Lorsqu’a été connu le décès, le 28 octobre 1915, à Sainte-Foy-lès-Lyon, du professeur de médecine Charles Bouchard, les éloges ont plu dans la presse française. « L’une des plus grandes figures de la médecine française vient de disparaître, écrivait par exemple le quotidien Le Journal… Le Prix Nobel, pour 1914, devait sans les événements actuels lui être décerné. » Charles Bouchard était en effet considéré comme « Le Maître de la médecine française » à cette époque.

Né à Montier-en-Der le 6 septembre 1837, il est le fils de Jean-Baptiste Bouchard, directeur d’une institution dervoise puis bientôt principal du collège de Joinville (en 1839), et de Féline Penet. Son père ayant été révoqué pour « républicanisme » en 1848, la famille quitte Joinville et s’installe à Lyon, où Charles fait ses études. Elles seront aussi brillantes que sa carrière.

Soutenu par Pasteur

Reçu en 1857 premier à l’internat des hôpitaux lyonnais, le Dervois s’installe à Paris. Docteur en 1865, chef de clinique en 1868, il est agrégé l’année suivante et obtient la chaire d’Histoire de la médecine à la Faculté de Paris en 1874.

Les fonctions occupées durant sa carrière sont prestigieuses : d’abord membre de l’Académie de médecine en 1886, puis de l’Institut de France en 1887, enfin président de l’Académie des sciences en 1908 à la suite de l’illustre Henri Becquerel, et grâce au soutien d’un certain Louis Pasteur.

Etude du cancer

Selon l’historien Jean-Marie Chirol, qui lui a rendu hommage à de nombreuses reprises dans ses travaux, le professeur Charles Bouchard était considéré comme « le protagoniste de la réforme de l’enseignement médical et [essaya], en sa qualité de doyen de la Faculté de médecine, de mettre en pratique ses idées en créant le diplôme d’études supérieures ». Sur le plan scientifique, il est l’auteur de la découverte de l’auto-intoxication, et il a travaillé sur les dégénérescences de la moelle épinière et sur les hémorragies cérébrales.

A son décès, il était Grand croix de la Légion d’honneur. Ajoutons que le professeur Bouchard a cofondé et présidé l’Association française pour l’étude du cancer, qui deviendra Société française du cancer. Une rue de Montier-en-Der porte son nom.

Lionel Fontaine