Chaque jour compte – L’édito de Patrice Chabanet
Attendre la journée de mobilisation de demain, attendre l’avis du Conseil constitutionnel, attendre un reflux de la tension ambiante. Attendre, attendre, n’est plus à l’ordre du jour. L’exécutif semble prendre conscience que l’enlisement du conflit joue contre lui. Dès aujourd’hui, Elisabeth Borne sera reçue par Emmanuel Macron. On sait déjà que sa mission sera d’« élargir » la majorité et de redéfinir l’agenda parlementaire. Pour le dire clairement, il s’agit de changer de méthode et de rendre plus crédible l’action gouvernementale.
L’affaire des bassines de Sainte-Soline a montré que la violence était sous-jacente et qu’elle ne demandait qu’à s’exprimer. Plus grave encore : les désaccords sont souvent amplifiés par la haine. Pas de désaccords irréductibles sur le fond, mais la haine de l’autre. Ce n’est plus la zizanie façon Astérix, mais le rejet de l’autre, pour ce qu’il est. L’attitude considérée comme méprisante du chef de l’Etat y participe à sa manière.
La Première ministre et son gouvernement auront fort à faire pour dégager le trou de souris qui permettra de trouver le chemin d’une solution. Contourner habilement la question qui fâche (l’âge légal de la retraite) ne suffira pas, en admettant que cette hypothèse soit encore plausible, à défaut d’être réalisable. Il faudra que l’imagination reprenne le pouvoir et que l’attention prêtée aux partenaires sociaux ne soit plus un exercice formel. Une véritable révolution copernicienne dans une démocratie ankylosée dans des relations sociales à l’ancienne.