Chapeau ! – L’édito de Christophe Bonnefoy
Faut-il relativiser la valeur des élèves – et de l’enseignement ! -, lorsque le nombre des admis au baccalauréat flirte avec les 85 % ? Doit-on modérer notre enthousiasme, quand l’épreuve a tant évolué que le contrôle continu atténue quelque peu le côté solennel des examens ?
On pense forcément à un autre temps. Celui de ces épreuves de juin, qui vous faisaient monter la tension, perler quelques gouttes de sueur au front et, pour certains, alimentaient l’angoisse, avant, surtout. Au moment des résultats, aussi.
Et pourtant. Pourtant… Le baccalauréat reste et doit rester cette première grosse étape dans la vie des lycéens. Ce point de bascule, entre la vie d’ado et celle d’adulte. Celle qui fait prendre conscience de ce qu’on peut être, de sa richesse, de ses capacités. Alors si l’époque n’est plus celle de nos parents ou grands-parents, dont l’avenir dépendait majoritairement de l’obtention du fameux sésame, on serait bien bête de ne pas applaudir avec force ces milliers d’élèves qui ont eu l’occasion, ce mardi, de se voir traverser par un fort sentiment de fierté. Le bac ? Celui qui ne vaudrait plus grand-chose ? Oubliez l’idée.
Les jeunes ci… Les jeunes ça… Les jeunes à toutes les sauces, dès qu’il s’agit d’entrer dans un “c’était mieux avant” qui nous rappellerait que “de notre temps”, ces jeunes avaient d’autres valeurs, une autre éducation, un autre niveau qui serait aujourd’hui proche du néant… Les jeunes, justement. L’obtention du bac, du brevet quelques années avant, montre, s’il en était besoin, qu’ils ne sont pas que pourvoyeurs de contenus pour les très superficiels réseaux sociaux. Ils savent, également, montrer qu’on pourra compter sur eux à l’avenir. Les bacheliers et tous ceux qui ont ou auront choisi d’autres voies pour réussir leur vie.
Un sentiment mitigé, face à ces 85 % ? Une indicible envie de dire bravo, et puis c’est tout !
c.bonnefoy@jhm.fr