Changement d’ère – L’édito de Christophe Bonnefoy
Israël s’apprête à changer d’ère de manière assez spectaculaire, tant Netanyahu aura été omniprésent – physiquement autant que politiquement – dans le paysage proche-oriental. Exit le Premier ministre sortant, bonjour Bennett. Au revoir le personnage emblématique, bienvenue à une coalition qui laisse planer le grand mystère sur l’ambiance dans les prochains mois. Et plus largement sur les conséquences dans une région on ne peut plus instable.
Car la nouvelle donne a de quoi laisser circonspect. Resserrées, les coalitions évoluent par définition généralement sur un fil. Et ici, c’est carrément comme si on avançait à cloche-pied sur un câble tendu à 100 mètres du sol. Autrement dit, l’exercice du pouvoir risque d’être des plus compliqués. Pour mettre hors-jeu Benjamin Netanyahu, il aura ainsi fallu réunir un peu tout et son contraire : deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite et une formation arabe. Autrement dit, les pièces d’un puzzle qui pourraient donner l’illusion de s’imbriquer parfaitement dans les premiers jours… mais uniquement dans les premiers jours. Il est au final fort probable que les alliances de circonstance n’auront eu pour principal effet que d’évincer Netanyahu du pouvoir. Et uniquement cela. Pour le reste, rien ne semble garantir une parfaite harmonie au sein du futur gouvernement. Bien au contraire.
Le futur ex-Premier ministre le sait. Il a d’ores et déjà annoncé la couleur. Pour peu que la Justice oublie quelque peu son existence – mais c’est loin d’être gagné : il risque la prison – il sera « de retour bientôt ». Evidemment pour tenter de faire voler en éclat la coalition. Et retrouver son poste.