Chacun sa place – L’édito de Christophe Bonnefoy
Chacun sa place – L’édito de Christophe Bonnefoy
Hier à l’Assemblée, il y avait ceux qui cherchaient leur place avec l’excitation que fait naître la nouveauté. Un peu comme un premier jour d’école. La majorité en fait, et pour la plupart députés de La République en marche. Il y avait, aussi, les plus aguerris – il semblerait qu’ils soient de moins en moins nombreux – qui, eux, étaient déjà un peu comme à la maison. Leur banc avait à peine eu le temps de refroidir. Ils n’auront eu aucun mal à retrouver leur siège. Enfin, les derniers – comme Marine Le Pen, entre autres – découvraient l’Assemblée nationale, mais un peu comme s’ils en avaient été les locataires depuis des lustres. Avec l’assurance de ceux qui ont toujours pensé que là était leur place.
Le cas de Manuel Valls, lui, est sensiblement différent. Finalement, celui qui avait fait de l’Assemblée sa maison, notamment les mercredis de questions au gouvernement, y revient quasiment en candidat libre et presque en étranger. Même plus en socialiste. Pas tout à fait non plus en « Macronien », même si l’on sent bien qu’il ne serait pas mécontent qu’on lui tende la main, voire, soyons fous, qu’on pense à lui lors d’un prochain remaniement. En une élection, et sans le poids de l’âge, l’ex-Premier ministre a comme qui dirait pris un coup de vieux. En fait, il est emblématique de ce que les Français ont rejeté en avril et mai. A voir cet hémicycle au(x) nouveau(x) visage(s), on ne peut que faire un constat : en apparence, notre sphère politique a changé, en partie. L’avenir dira néanmoins si les us et coutumes restent les mêmes.
Dans ce contexte, il appartiendra au nouveau pensionnaire du perchoir – l’ex-écologiste François de Rugy -, d’assurer la bonne tenue des débats. D’une part, pour canaliser les nouveaux venus si besoin, d’autre part pour modérer les ardeurs, sans doute, d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’une Marine Le Pen. Au travail, aurait-on presque envie de dire…