Cette « voie de garage » devenue route de l’emploi
La mission locale de Saint-Dizier a organisé, mercredi 3 mai, un job dating à l’espace Cœur de Ville dédiée aux emplois saisonniers et à l’alternance. Cette dernière, autrefois mal perçue, semble désormais avoir redoré son blason. Son succès est néanmoins à nuancer.
En cette fin de matinée, à l’espace Cœur de Ville, Ewan, 16 ans, et sa maman Christelle, sont en pleine discussion avec Myriam Touati et Melinda Royer, conseillères de l’UIMM Champagne-Ardenne. À l’instar d’autres visiteurs, le jeune homme est venu profiter, ce mercredi 3 mai, du job dating initié par la Mission locale, pour tenter de dissiper le brouillard qui plane au-dessus de son avenir professionnel. « On cherchait à se renseigner pour un job d’été, mais aussi pour en savoir plus sur l’alternance », détaille sa maman. « Il est actuellement dans un lycée, mais ça ne lui convenait pas. » L’adolescent est loin d’être le seul dans ce cas.
Entre démocratisation du mode de formation…
Longtemps vue comme une « voie de garage », l’alternance, formation consistant à faire se succéder des périodes d’instruction en centre de formation et des immersions en entreprise, suscite davantage d’intérêt aux yeux des sociétés, mais aussi et surtout des parents et des jeunes. « C’est une voie qui les intéresse peut-être plus qu’une formation en présentiel. Aujourd’hui, on a affaire à des jeunes qui ont besoin de concret et être derrière un bureau, sur une chaise toute la journée, ce n’est pas forcément ce qui les attire le plus », observe Caroline Faux, responsable de secteur à la Mission locale de Saint-Dizier.
Un engouement se traduisant également par la création de formations en alternance dans des domaines qui autrefois étaient accessibles via des cursus plus théoriques rencontrant un franc succès. « Nous avons récemment ouvert un titre professionnel « assistant ressources humaines » en partenariat avec Pôle emploi et j’ai eu énormément de demandes », note Myriam Touati, conseillère en insertion professionnelle au pôle formation de l’UIMM Champagne-Ardenne. « Nous avons démarré la session à douze stagiaires, ce qui est quand même intéressant pour ce type de formation. »
… Et désintéressement de certains secteurs
Toutefois, les a priori ont la peau dure et nombreuses sont les formations à être boudées par les candidats, surtout dans le secteur tertiaire. « À ce jour, nous avons 50 % des offres d’alternance qui sont non pourvues dans la filière industrielle », estime Damien Evangelisti, chargé de mission promotion des métiers à l’UIMM Champagne-Ardenne. « Et sans solliciter d’entreprises. » « À Saint-Dizier, nous avons une centaine d’apprentis, ce qui est en diminution par rapport aux années précédentes. Nous peinons à trouver des candidats en usinage », note Melinda Royer, conseillère en formation au pôle formation de l’UIMM.
Pour tenter de pallier cette pénurie, l’UIMM Champagne-Ardenne organisera dans ses locaux bragards, mercredi 31 mai, un job dating. De 9 h à 12 h, dédié à l’emploi. De 13 h 30 à 18 h, dédié à l’alternance.
Dominique Lemoine
Contrat d’apprentissage, contrat professionnel, quelles différences ?
« Il y a beaucoup de jeunes qui ne connaissent pas du tout l’alternance », observe Caroline Faux, responsable de secteur à la Mission locale. « Ce qui demande toujours des explications en amont », ajoute Pierre Bertrand, conseiller en insertion professionnelle dans la même structure. Deux types de formations, notamment le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation, sont bien souvent confondues par les candidats. Alors un éclaircissement s’impose. Toutes deux présentent quelques différences. Particulièrement, concernant le public auquel elles s’adressent. Si le contrat d’apprentissage est accessible jusqu’à l’âge de 29 ans révolu (sauf les personnes détentrices d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), le contrat de professionnalisation, lui, est ouvert à tous les âges. « Le contrat de professionnalisation vise plus à aider les personnes ayant déjà suivi une formation continue », précise Pierre Bertrand.