C’était avant – L’édito de Patrice Chabanet
Le 10 mai 1981, la France tournait une page de son Histoire. Il y a une éternité, tant il reste peu aujourd’hui de ce qui fut présenté comme la gauche à la française. Après Mitterrand, le PS et le PC, n’ont fait que dévisser. La gauche qui détenait la majorité de l’Assemblée nationale, des Régions et des Départements, et même du Sénat, a été proprement délogée de ces places fortes. L’usure du pouvoir mitterrandiste – un bail de quatorze ans – n’explique pas tout. Le PC a quasiment disparu de la scène nationale, entraîné par la chute du communisme soviétique, traduction éclatante de la faillite de tout un système. Quant au PS, il s’est perdu dans ses luttes intestines et a peu à peu décroché des aspirations du « peuple de gauche ». Il s’est embourgeoisé, intégrant la logique du néo-libéralisme. Il a abandonné la classe ouvrière sur le bord de la route. On connaît le résultat : le RN est devenu le premier parti ouvrier de France.
L’effacement du PS est devenu tel qu’il est en grande difficulté pour trouver un candidat à la présidentielle. Il pourrait même se retrouver à la remorque des Verts. Sans doute moins humiliant que le lamentable score de Benoît Hamon en 2017. Le mal ne se situe donc pas seulement dans le flou idéologique, mais dans le manque d’envergure des hommes qui ont « managé » le PS, même lorsqu’il a atteint les portes de l’Elysée. François Hollande s’est entouré de personnages faibles. Qui se souvient d’une action d’éclat du Premier ministre Jean-Marc Ayrault ? Qui se souvient du nom du socialiste élu à la présidence du Sénat (Jean-Pierre Bel) ? Bref, le mot socialisme n’imprime plus. On ne sent aucun souffle populaire qui puisse le sortir de sa longue léthargie. Certes, la droite républicaine n’est pas en meilleur état, prisonnière de ses convulsions. Une consolation, sans doute, pour le PS. Mais rien qui puisse permettre aux nuages de l’échec de laisser passer les rayons d’un renouveau.