C’est un chanteur haut-marnais, loin d’être abandonné 

Spectacle. Qu’il soit chanteur, animateur, ou comédien, Christopher Muel déplace les foules dans tout le département. A 34 ans, il a trouvé sa vocation : Chevillon et la chanson. Ou plutôt, la communication par les mots, peu importe la manière. Il a trouvé son art de faire. 

C’est naturellement dans une salle de répétition que le chouchou des Haut-Marnais a accepté de se dévoiler, parce qu’il doit bien y avoir une histoire derrière ce parcours sans fausse note. Un air de gendre idéal, la coupe de cheveux bien mise, mais surtout, un naturel et une franchise à faire pâlir les politiques. «Depuis tout petit, je suis amoureux de la littérature, des mots, et par ricochet, de l’oralité», se souvient Christopher Muel. Et quand on aime les mots, qu’ils transportent, intriguent, passionnent : comme font les enfants, on a envie de les mettre “à la bouche”. Le jeune Christopher veut devenir comédien, se prend à rêver du Cours Florent à Paris, se prendra surtout le fameux «passe ton bac d’abord». Ses parents ne sont pas contre ses aspirations, ne sont pas vraiment surpris non plus, et essaient de canaliser un peu cette passion qui n’est décidément pas un métier. «Ils m’inscrivent à la troupe de théâtre Les trois coups, à Chevillon. Tellement convaincu, voire convaincant, je rejoins rapidement la troupe adultes, et prépare un bac littéraire option art dramatique à Saint-Ex». Difficile pour Christopher Muel de quitter le cocon familial, mais ému par les encouragements rencontrés, notamment par sa professeure Betty Bereschel, il se fait la promesse d’y arriver. Mais arriver où ?

Solfège, ange gardien et petit bonheur

Dès l’âge de 16 ans, le jeune artiste aspire à créer par lui-même. Incapable de choisir entre le chant et le théâtre, il se décide à allier les deux. «Créer un truc». Accompagné par une amie de l’époque, il crée un duo chanson/théâtre, épaulé par son cursus “bereschelien” et toutes ses années de solfège. Un soir, au sortir d’une représentation artisanale, un certain Bernard Clouet – reconnu association des écrivains haut-marnais mais le jeune Christopher n’en sait fichtre rien – lui offre quelques textes : «J’ai des chansons pour vous, je vais vous les faire écouter». Douze chansons offertes par un poète, ça ne s’invente pas, ça tombe du ciel même. Le spectacle “Mon ange gardien” était né. Christopher Muel, tout minot encore, se produit à la médiathèque de Chevillon pour commencer. Sur le papier c’est facile, mais surtout, ça marche. Zou ! (sic). La machine est lancée, le jeune homme déterminé monte son asso baptisée Le petit bonheur. Trois, quatre copains de classe sous le bras, et en avant les spectacles. Son bac dans la poche, et ses parents satisfaits, Christopher Muel transforme l’asso en société : Le petit bonheur devient LPB Productions. Ensuite, il travaille, beaucoup. One man show, théâtre, chant… Comme on travaille en cuisine, il peaufine sa recette. Chansons françaises années 70-80 pour marotte, mais aussi un pied dans la modernité, il s’aventure partout tant que les yeux des spectateurs brillent. Son père prête ses bras pour la logistique, son frère cadet Maxime, ses yeux pour l’éclairer. Le cocon familial, solidaire, bâtit les rêves de Christopher, pour qui le cocon est la base, la solidité. Paris peut attendre.

Avec les filles j’ai un succès fou

Celui qui n’a eu de cesse de se faire appeler «le petit jeune qui démarre», de ses 16 ans à bientôt 35 balais, marié et père de trois enfants, est aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui ne connaît pas la crise. LPB productions a pris pleine ampleur et produit plusieurs artistes, de Paris, de Lyon, de Reims… «Je produis ce que j’ai vu et ai trouvé “bon”. Je vois énormément de choses, et quand j’aime, j’accompagne». Quant à lui, en son nom, Christopher a assuré 30 shows en 23 jours en cette dernière période de fêtes. C’est en moyenne entre 70 et 90 galas par an. Le succès est au rendez-vous, partout : chants de Noël en l’Eglise de Chevillon – 600 personnes, à Saint-Dizier, soirée cabaret, salle comble aux Fuseaux, le public, fidèle, est là. Partout, tout le temps. La troupe théâtrale des Trois coups, qu’il a fini par rejoindre il y a quelques années, a écoulé quelques 1 100 places en 48 heures… Christopher Muel est aimé pour sa proximité avec le public, c’est finalement une forme de Graal. Il n’est pas aimé pour ce qu’il fait, bien que si, mais surtout pour ce qu’il est. Actuellement, le chanteur haut-marnais prépare un nouveau spectacle inspiré des 40 ans du Top 50, et un autre dans la lignée des chansonniers. Il résume les choses ainsi : «Je reçois des critiques, que je considère quand elles sont constructives. Les autres, elles glissent. Chanteur ringard ? Animateur de grandes surfaces ? Pas de honte, au contraire. Le sourire des gens, c’est mon bonheur. Ça fait 18 ans que je n’ai pas besoin de la télé pour en vivre, pour répondre à ceux qui me parlent de ces émissions à la mode. Le département a tout ce qu’il faut, les gens répondent présent. Tant pis si le reste du monde nous met dans des cases.» Pour ceux qui ont vu et écouté Christopher Muel, pas de doute : un prince charmant, c’est mieux qu’un médicament.

Elise Sylvestre