C’est qui le patron ? – L’édito de Christophe Bonnefoy
Mais… c’est qui le patron ? On pourrait sourire de la formule. Mais c’est en substance le message qu’a voulu faire passer Emmanuel Macron en Conseil des ministres. Cible non nommée mais directement visée : Elisabeth Borne. Et par la même occasion tous ceux qui seraient tentés de sortir, même involontairement, du chemin tracé par le chef de l’Etat.
Si le Rassemblement national reste un ennemi – politique bien sûr ! – pour le gouvernement, pas question de reprendre les bonnes vieilles méthodes pour le combattre. Dénoncer par des références à Pétain, en l’occurrence, non. Obtenir des résultats pour lui couper l’herbe sous le pied, oui. C’est dit. C’est acté, même si le président de la République a pioché ce mercredi dans le dictionnaire des phrases toutes faites pour renouveler sa confiance à la Première ministre.
Une Première ministre qui avait d’ailleurs d’autres chats à fouetter ce mercredi, puisque les esprits commençaient à s’échauffer à l’Assemblée, de nouveau autour des retraites. En retoquant l’article premier d’une proposition de loi abrogeant la retraite à 64 ans, les députés ont rallumé la mèche. Certes, en jetant aux oubliettes le texte porté par le groupe Liot, le gouvernement peut se targuer d’une victoire sur les oppositions. Mais il ne fait aucun doute que si la colère s’était quelque peu atténuée depuis quelques semaines, elle risque de resurgir comme par enchantement. Ça n’a ainsi pas tardé dans l’après-midi, les députés de la Nupes quittant la commission des Affaires sociales en dénonçant une « magouille » pour empêcher un vote sur le fameux article, le 8 juin.
Le couac sur le RN et les fortes chaleurs à l’Assemblée ne sont finalement pas si éloignées l’une de l’autre. Elles révèlent, sinon une certaine fragilité de l’exécutif, en tout cas une grande fébrilité de notre monde politique.