C’est lourd… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il est tout de même extraordinaire qu’on en arrive à transformer la transition écologique en une véritable usine à gaz. Au-delà du jeu de mots facile, la formule résume à elle seule le référendum assez surréaliste proposé par Anne Hidalgo aux Parisiens. A vouloir faire bien, on tombe, sinon dans le pire, en tout cas dans le mal ficelé et le risible.
Mal ficelé, parce que la communication initiale ciblait les SUV : faut-il, oui ou non, faire exploser les tarifs de stationnement des SUV ? Oups, pardon, des voitures les plus lourdes, encombrantes et polluantes ? Rectification après coup, histoire, peut-être, de ne pas se mettre totalement à dos les 40 % de la population française qui possèdent ces “sport utility vehicles” ?
Risible – mais inutile de dire qu’il y a de quoi rire jaune -, tout simplement parce que les grands penseurs qui ont mis en place l’opération com’ de la maire de Paris ne savent plus à quel argument se vouer. Les uns nous parlent de pollution. Un SUV récent polluera pourtant moins qu’une vieille guimbarde mal entretenue. Les autres nous racontent, pleins d’angélisme, que l’on cherche in fine à libérer de la place. Afin de planter des arbres. Paris est sauvé, ouf !
En passant, Anne Hidalgo avance que faire payer les possesseurs de ces grosses voitures apporterait à la Ville un supplément de recettes de 35 millions d’euros. Ça aurait été ballot de ne pas considérer l’aspect financier de l’opération… et ce qu’elle peut rapporter.
Bien sûr, l’usine à gaz aurait de quoi, sinon ça serait trop simple, totalement déboussoler les Parisiens concernés. Parce que tous les arrondissements de la capitale ne seraient pas assujettis aux mêmes tarifs. Parce que, évidemment, la mesure ferait l’objet de dérogations diverses et variées. Aussi, parce qu’on en arriverait à vouloir bouter ces gros véhicules hors de Paris, mais qu’on accepterait aisément de belles voitures sportives, larges d’ailes et au moins aussi encombrantes qu’un SUV, polluantes, peu économiques et bruyantes… Cherchez l’erreur.