Hommage à Dominique Bernard : « C’est compliqué de trouver des mots pour l’indicible »
Trois jours après l’attentat ayant coûté la vie à Dominique Bernard, les collèges et lycées haut-marnais ont vécu, ce lundi, une journée d’échanges et de recueillement. Raphaël Donegani, professeur de philosophie au lycée Philippe-Lebon de Joinville, revient sur cette journée particulière.
« C’est à la fois un sentiment de tristesse et d’échec. » C’est ainsi que Raphaël Donegani, professeur de philosophie au lycée joinvillois Philippe-Lebon, décrit son ressenti après avoir appris la mort de Dominique Bernard, enseignant du Pas-de-Calais poignardé à mort par un ancien élève, vendredi 13 octobre. « Un sentiment d’échec, car l’école n’arrive pas à faire qu’on arrive à vivre ensemble », poursuit l’enseignant de Joinville.
« Ça m’a beaucoup affecté »
Le fait que l’attentat ait été commis par un ancien élève a marqué Raphaël Donegani. « C’est dur pour nous, parce qu’on passe des années avec les élèves, on créé des liens. C’est un gamin qui connaissait Dominique Bernard. Ça m’a beaucoup affecté. »
Après un week-end compliqué, pendant lequel des mails du ministère sont arrivés, informant de ce qui allait se passer lundi 16 octobre – matinée banalisée jusqu’à 10 h dans les collèges et lycées, minute de silence à 14 h dans toutes les classes – le professeur de philo a de nouveau accueilli ses élèves. Trop rapidement, selon lui. « C’est compliqué de réfléchir en si peu de temps, de trouver des mots pour l’indicible […] Nous sommes nous-même complètement touchés, et on nous demande en quelque sorte de faire le service après-vente du ministère », souffle Raphaël Donegani. La solidarité et le soutien s’organisent entre enseignants et personnels de l’établissement, « mais deux heures, c’est court ». « J’aurais bien imaginé une journée banalisée, pour avoir le temps de s’organiser », déplore l’enseignant joinvillois.
Élèves heurtés, tristes, en colère
Face à ses élèves, Raphaël Donegani n’a pas imposé le sujet, mais a préféré leur demander s’ils voulaient en parler. Force est de constater que oui. « La demande vient d’eux. Ils sont heurtés, ils ont du mal à comprendre, il y a de la tristesse, parfois de la colère », liste le prof.
Dans les prochains jours, les discussions entre élèves et enseignants autour de l’attentat du 13 octobre vont certainement se poursuivre. Sans que les professeurs n’aient le temps de prendre guère plus de recul. « Il faudrait pouvoir réfléchir à froid, prendre le temps, mais ce n’est pas possible… »
Dorian Lacour