C’est bientôt l’heure !
Gavroche de la scène de France, Yves Jamait trinquera à la santé des bonnes gens, le vendredi 18 février, à la salle des fêtes de Chaumont. Accompagné de Daniel Hernandez, cette artiste atypique emmènera tout son monde vers un univers emprunt de partage et de mélancolie.
Une voix reflétant grandes peines et petits bonheurs, une bâche vissée sur la tête, des airs bien balancés, de la mélancolie à fleur de texte et de la générosité à revendre… Artiste atypique, Yves Jamait défie les codes d’une culture standardisée manufacturée par les magnats de l’industrie du disque.
Yves Jamait a façonné sa passion à coups de vérité à l’orée des zincs, loin des plateaux télévisés, du côté de la rue Berbisey, là où les verres s’entrechoquent dans une ambiance éthylo-poétique, jusqu’à pas d’heure, aux côtés d’amis, anonymes et autres âmes égarées. Jean-Louis, Didier et autres serviteurs du savoir-vivre n’étaient jamais loin. Un verre appelle un vers, le bar de l’Univers ne désemplit pas et les nuits dijonnaises s’animent à la fin des années 1990. Un père que l’on connaît si peu, l’amour qui s’en va, le mépris et un flot de petits bonheurs forgent l’identité d’un écorché vif appelé à partager ses doutes avec un public conquis.
Successivement cuisinier, manœuvre sur les chantiers et animalier dans un laboratoire pharmaceutique, Yves Jamait nourrit passion et vérité d’expériences et de rencontres. A 37 ans, le mâle s’offre une nouvelle vie. En véritable artisan, le saltimbanque assoit sa réputation sur les scènes de caboulots et autres bastions de la culture française. Le bouche à oreilles ne tarde pas à ouvrir les salles de France à un artiste singulier. Album fondateur, “De verre en vers” marque l’accomplissement d’un chanteur au «parcours commun», un cheminement étranger aux logiques consuméristes des carambouilleurs de l’audiovisuel et de la bande FM.
Douze ans après ses débuts, Yves Jamait cultive sa différence. «J’essaie de répondre à toutes les sollicitations, glisse l’artiste. Je joue dans des salles de 80, 300 ou 1 000 places. Jouer est avant tout un plaisir, un échange et une liberté, quelque soit l’endroit». Au fil des années et des émotions, plusieurs morceaux sont entrés dans le quotidien d’un public des plus fidèles. Il y a un peu de la vie de chacun dans les textes d’un homme ordinaire au talent singulier.
Sincérité bien ordonnée
Yves Jamait jette un regard discret vers la réussite et veille à gommer toute caricature. «Le titre “Y’en a qui” passe dans des manifestations, j’en suis fier, mais je me suis toujours défendu d’être un chanteur engagé, je suis simplement engagé en tant que citoyen, rien de plus, affirme l’artiste. Je viens d’un milieu ouvrier, j’ai travaillé sur des chantiers, mais ma vie a changé et je ne suis plus confronté à la réalité de millions de personnes. Les gens de peu ont mon soutien, mais je ne tiens pas à cultiver une image erronée.»
Aprés avoir signé trois albums et couru les scènes de France, l’artiste sème mélancolie et bonne humeur sur les terres fertiles du spectacle vivant. Vérité, amitié et simplicité dictent les choix de l’artiste. Eh oui, Jamait, ça vient de l’intérieur et personne ne saurait s’y tromper : l’homme a l’amour de la scène en lui. «Je ne ressens pas de lassitude, ma vie a changé, j’ai du recul, mais je prends toujours autant de plaisir à être sur scène, note le maître chanteur. Avec Daniel Fernandez, un véritable partage s’est instauré, deux univers se chevauchent nous avons créé une véritable mise en scène avec Didier Grebot. Mais je ne déroge pas à certains principes. Je suis de l’école Aznavour, je me fais un point d’honneur à chanter les chansons que le public souhaite entendre.»
Un album en préparation
Rencontres et collaborations participent à la singularité de monsieur Yves Jamait. Allain Leprest, Loïc Lantoine, Romain Didier et Dorothée Daniel ont ainsi eu le plaisir de marier leurs inspirations à l’univers d’un acolyte de premier ordre. L’Espagne, sa musique, ses républicains et anarchistes sont ainsi venus sublimer le terroir jamaitien à l’occasion d’une féconde collaboration avec Daniel Fernandez, artiste aux mains d’or appelé à partager la scène de la salle des fêtes de Chaumont en compagnie d’Yves Jamait, le 18 février prochain.
Le rideau baissé, l’homme qui débourgeoisa Dijon à lui tout seul se replongera dans la préparation de son prochain album. «Il devrait logiquement sortir en fin d’année, assure l’artiste. Je reste très attaché au quotidien, mes inspirations sont noires et j’essaie de me retenir un peu. Les chansons viennent comme ça, j’en ai déjà trois ou quatre sur le thème de la séparation. Une douzaine de titres sont prêts et le travail en studio devrait débuter en mai.»
L’enregistrement achevé, Yves Jamait courra les petites scènes dijonnaises avant de se produire, accompagné d’un grand orchestre, au Zénith de Dijon. Devant plus de 4 000 spectateurs, l’artiste savourera le moment présent sans renier son passé, fidèle à valeurs et principes et conscient des réalités d’une société où amour et sans-papiers n’ont parfois plus leur place. Yves Jamait n’a rien oublié. Sa sincérité se marie aux mots de Jean-Paul Richter. “Le souvenir est le seul paradis dont nous ne puissions être expulsés.” Rendez-vous le 18 février. C’est bientôt l’heure !
Thomas Bougueliane