Ces étrangers qui se sont levés contre l’occupant
Originaire de la Meuse où il a toujours un pied-à-terre, Claude Collin travaille depuis une quarantaine d’années sur l’histoire de la Résistance. Et notamment sur la Main d’œuvre immigrée (MOI), mouvement sur lequel il a écrit plusieurs ouvrages – notamment sur le Bataillon Carmagnole de la région lyonnaise – et une soixantaine d’articles. Mais « les livres parus aux Presses Universitaires de Grenoble sont épuisés, et les articles publiés dans les revues ne sont plus accessibles », expose l’historien qui réside dans l’Isère. Réunir une sélection de ces contributions scientifiques dans un ouvrage s’imposait donc.
Rôle majeur
« La MOI, rappelle ce maître de conférences retraité, s’est constituée dans les années 20. C’était le Parti communiste des militants étrangers, dont la plus importante section était composée de yiddishophones, originaires d’Europe centrale ou d’Allemagne et Autriche. »
Quand la France a été occupée, le mouvement allait donner naissance à l’organisation des Francs-tireurs et partisans – MOI (FTP – MOI), qui allaient figurer parmi les premiers résistants à combattre l’occupant. Un rôle précurseur « largement minimisé par le Parti communiste français jusque dans les années 80 », rappelle Claude Collin, qui rend ainsi à ces étrangers la place qu’ils méritent.
Au Panthéon
Ayant recueilli durant toutes ces décennies de nombreux témoignages, ayant également tiré profit des archives d’un Lorrain établi dans la région lyonnaise, Henri Krischer, l’auteur, déjà signataire d’un ouvrage remarqué sur les FTP dans la Meuse (1992), rend dans son nouvel ouvrage un hommage bienvenu, rappelant que beaucoup de combattants MOI ont donné leur vie pour la France. A l’image de l’Arménien Missak Manouchian, arrêté le 15 novembre 1943, fusillé le 21 février 1944 et qui fera son entrée au Panthéon l’année prochaine.
L. F.
« Les étrangers de la MOI dans la Résistance », éditions Indes Savantes, 2023.