CER France présente un rapport de conjoncture en retrait

Le bilan de conjoncture pour 2023 de CER France n’est pas fameux avec surtout des disparités importantes d’un territoire à un autre pour les rendements malgré des prix qui restent au-dessus des moyennes historiques. Les charges en revanche font un bond.

C’est une donnée sur laquelle le monde agricole n’a aucun pouvoir : la météo. Et celle-ci est venue troubler la fête qui se préparait au printemps. «Le bilan de conjoncture est totalement différent de celui de l’an passé pour les céréales», a déclaré en préambule de la présentation du rapport de conjoncture pour la saison 2023, Jean-Marc Louis, président de CER France 52. «C’est une année atypique avec des mesures à prendre différentes selon les exploitations», a ajouté Arnaud Kraepiel, directeur de l’agence Haute-Marne de CER France.

«En mai et juin, nous avons observé un déficit hydrique et la belle récolte potentielle s’est étiolée à cause du manque de pluie. En revanche, les maïs et les tournesols ont pu bénéficier des pluies de juillet. Cela a été plutôt favorable aux cultures d’été», constate Jean-Luc Follot de la Chambre d’agriculture.

Les rendements pour le blé sont inférieurs de cinq quintaux à l’hectare par rapport à la moyenne sur cinq ans pour la région du Barrois (59 q/h), de quatre quintaux inférieurs pour La Montagne (57 q/h) et de deux quintaux pour le Grand Bassigny (70 q/h). Mais ce sont les orges de printemps qui ont le plus souffert.

Avec une baisse de rendement de 8 quintaux à l’hectare par rapport à la moyenne sur cinq ans pour le Barrois (39 q/h), dix quintaux de différence pour La Montagne (34 q/h)  et deux quintaux de différence pour le Grand Bassigny (50 q/h). A cela, il faut mettre en parallèle les prix. Et l’inflation artificielle due à la guerre en Ukraine l’année dernière où le blé s’est vendu jusqu’à plus de 430 € est totalement effacé.

CER France constate un retour aux marchés historiques

«L’offre de blé retombe à 240 € le quintal et se rapproche des prix historiques de 200 €», a commenté Jean-Luc. Pour le colza, il se négocie 40 € de plus que le marché historique de 400 €, «mais c’est un marché un peu plus fragile», constate Jean-Luc Follot. L’oléagineux, tout comme le blé, avait subi une très forte augmentation l’été 2022 avec un prix qui s’était rapproché de 1 100 € le quintal.

Si certains prix retrouvent une valeur historique, en revanche d’autres vont infléchir sur la rentabilité des exploitations. Ainsi, les tourteaux progressent d’une centaine d’euros. L’azote qui restera à près d’un euro l’unité pour une moyenne à cinquante centimes. Et certaines charges qui augmentent de façon exponentiel comme les produits phytosanitaires (+ 11 %), les amendements (+50 %), les semences (+9 %).

Arnaud Kraepiel , de CER France, fait remarquer que lors du rapport de conjoncture 2022, il avait mis en garde sur une forte probabilité d’une année 2023 compliquée. «Le prix de vente des récoltes de 2022 était important et les intrants ont été achetés à des prix bas l’année précédente», rappelle-t-il. Cette année, le prix de vente est revenu à la normale mais pas les intrants. «L’excédent de 2021 sera consommé dans les deux prochaines années», prévoit Arnaud Kraepiel.

Ainsi, pour une exploitation moyenne dans le Barrois, le revenu par hectare pour le blé va passer de 400 € en 2022 à 20 € cette année.

Et Arnaud Kraepiel , directeur Haute-Marne de CER France, de mettre en garde dès maintenant : «Attention à cet hiver, les trésoreries vont se tendre.»

Ph. L.