Vent de liberté à la Centrale de Clairvaux

Vidée de ses détenus depuis le 26 mai dernier, la Centrale de Clairvaux, ouvrait ses portes ce jeudi 15 juin à la presse pour une visite des quartiers désormais libérés.

Quel étrange sentiment… Toute personne qui a déjà eu l’occasion d’approcher, même de loin, la Centrale de Clairvaux sait combien les questions de sécurité priment. Jamais une porte ouverte, jamais une photo de mirador et surtout un accès extrêmement limité et après avoir montrer patte blanche. Et pour cause, ce site emblématique du monde carcéral en France a abrité les « détenus les plus célèbres » : Carlos, Guy Georges, Youssouf Fofana du gang des Barbares, le frère du commandant Cousteau, mais aussi les terroristes Basques, Corses ou d’Action directe… Et tant d’autres dont se sont nourries les pages faits divers des journaux.

Portes ouvertes

Ce 15 juin, l’administration pénitentiaire ouvrait la Centrale de Clairvaux aux médias pour montrer le site vidé de ses détenus. Suivant les pas du directeur, Cédric Esteffe, les journalistes ont découvert ces vastes espaces sous un jour différent. Les gardiens encore affectés sécurisent le site, participent aux transferts de détenus d’autres prisons et vident cellules et espaces commun. Le tout en laissant les portes ouvertes en permanence, ce qui n’était bien entendu jamais arrivé au cours de leur carrière.

La famille et les amis des personnels sont conviés à des visites de groupes pour découvrir le site qui sera rendu au ministère de la Culture et pour lequel des appels à projets ont été lancés. Le devenir de ces lieux incroyables jouxtant l’abbaye cistercienne sera dévoilé « à l’automne 2023 » annonçait le sous-préfet de Bar-sur-Aube, Barthélémy Champanhet.

Dans l’Histoire

Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : la stèle installée dans la cour d’honneur en mémoire des cinq personnels qui ont péri en service restera accessible pour une journée commémorative en septembre.

De 180 places théoriques au moment de l’annonce de la fermeture en 2016, le site est passé à une soixantaine de détenus puis à 40 en 2021. Ils étaient encore 30 en janvier 2023. Tous ont rejoint d’autres maisons centrales françaises.

Une page se tourne pour les personnels. Surveillante, domiciliée en Haute-Marne, Vanessa est émue de cette fermeture. « J’ai passé 18 ans ici », glisse-t-elle au fil de la visite. En l’attente d’une prise de poste à Troyes-Lavau, elle fait défiler les souvenirs. Du quartier disciplinaire à celui des détenus politiques ou de la vie dans les ateliers, elle décrit en quoi son travail était passionnant. Certes pas toujours simple, mais comme ses collègues, elle en parle avec émotion. Nul doute que l’Histoire carcérale restera dans les esprits des habitants du bassin de vie impatients de connaître la vocation des lieux.

Sylvie C. Staniszewski

photos : Christophe Bonnefoy

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