Cartes rebattues – L’édito de Patrice Chabanet
Un électrochoc ? Pas tout à fait mais le premier sondage, celui d’Elabe qui donne Emmanuel Macron perdant au second tour vient secouer la planète politique. Une nouvelle preuve qu’en matière électorale rien n’est acquis d’avance. A l’origine de cette secousse il y a bien sûr l’investiture LR obtenue par Valérie Pécresse. Dès le premier tour, une autre étude, réalisée par Ifop-Fiducial, la propulse à 17%. Difficile d’identifier les raisons de cette percée et, surtout, de les hiérarchiser. On peut penser que la désignation de Valérie Pécresse a fait revenir au bercail LR des électeurs qui avaient rejoint le camp macronien. On peut supposer aussi que le discours extrémiste d’Eric Zemmour renforce en creux la droite modérée, bien décidée à maintenir à distance l’extrême droite. Autre hypothèse : pour de nombreux Français il serait peut-être temps que notre pays désigne une femme à la magistrature suprême. L’Allemagne l’a fait, non sans succès…Le Royaume-Uni aussi, malgré son conservatisme foncier.
Les cartes sont donc rebattues. Pour Valérie Pécresse, le vrai combat commence maintenant. Ses adversaires, y compris Emmanuel Macron, ne lui feront aucun cadeau. Marine Le Pen, plus rompue qu’elle à l’exercice, sera bien décidée à reprendre sa place de challenger. Mais c’est bien connu, le danger viendra aussi de l’intérieur. Malgré les sourires de façade, Eric Ciotti n’entend pas jouer les seconds couteaux. Sa proximité avec les idées zemmouriennes ne s’est pas atténuée. Bien au contraire, il les revendique encore. Un classique de la vie politique. « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge », pour reprendre une citation attribuée à Voltaire. Dans les semaines qui viennent, la porte-drapeau LR a plutôt intérêt à être voltairienne que rousseauiste (« L’Homme est un être naturellement bon »). Elle le sait sans doute déjà. On ne brise pas les plafonds de verre en l’ignorant.