Carpe diem en baie de Varbeton
Allemands, anglais, slovaques et autres débarquent sur les rives du lac de Charmes, en pays de Langres, pour vivre leur passion de la pêche à la carpe. Depuis 12 ans, le néerlandais Jeffrey Vierbergen installe sa tente en baie de Varbeton.
Dans un étang des environs d’Amsterdam, Jeffrey, 7 ans, débute la pêche avec son grand-père. « Je n’avais pas d’autres idées en tête que de prendre des poissons, peu importe l’espèce. Mon grand-père m’a appris les fondamentaux. »
Jeffrey grandit, la passion aussi. Mai 1992, l’ado sort une première carpe : « Je me rappelle très bien des sensations toutes particulières de ce coup de ligne. Depuis, je ne pêche plus que la carpe. »
Allemagne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie… Jeffrey pêche la carpe à travers l’Europe. En 2008, il surfe sur les sites spécialisés et découvre le lac de Charmes. « Chez nous, la pêche à la carpe est un véritable business. Le moindre lac est pris d’assaut par des dizaines de pêcheurs suréquipés qui affichent tout ce qu’ils sortent sur les réseaux. »
Depuis, trois fois l’an, Jeffrey quitte sa banlieue cossue d’Amsterdam et avale les 700 kilomètres de route : « Je connais le trajet par cœur, je pourrais conduire les yeux fermés (rires). Seuls les 100 derniers kilomètres d’autoroute sont payants. »
Côté matériel, le pêcheur hollandais ne fait pas dans la demi-mesure. Les quatre cannes équipées de détecteurs de touches flirtent avec les 1 500 €. Quant au mini bateau équipé d’un échosondeur qui permet de déposer l’appât avec une précision chirurgicale, comptez 3 000 €. Cerise sur le gâteau… un drone localise le poisson si l’eau est suffisamment claire.
Tout en gardant à l’esprit les risques sur l’écosystème, Jeffrey, sponsorisé par une célèbre marque de bouillettes, amorce à grande échelle (200 kilos pour la semaine).
Et les carpes dans tout çà ?
Fin septembre, baie de Varbeton, Jeffrey, sa canne, son mini-zodiac et l’inconnue des profondeurs se livrent un véritable bras de fer. Au terme d’une de ces luttes dont rêvent tous les carpistes, le pèse-poisson rend son verdict : 21 kilos.
La star du jour se prête volontiers à l’incontournable séance photo et, protocole oblige, s’en retourne dans son élément avec le bisou du pêcheur. «Je ressens une profonde admiration pour ces animaux. Celle-ci est plus âgée que moi… Respect !»
En harmonie avec la nature, le pêcheur de carpes vit sa passion à l’écart de la société. « Je me suis aventuré deux fois en ville pour subvenir à l’indispensable et pour acheter vins et fromages de France que mes amis m’ont commandés. » Sinon, le vrai bonheur du pêcheur néerlandais, il est au grand air en baie de Varbeton.
De notre correspondant Serge Borne