Carburants : le « gros coup de pompe » des usagers
Depuis l’automne de cette année 2021, la facture à chaque passage à la pompe atteint des niveaux que les automobilistes de Langres subissent avec un certain agacement. Petits ou gros rouleurs, tous expriment une exaspération face à une nouvelle charge qui ne cesse de grever le budget.
Le compteur du prix qui tourne, telle une toupie folle pendant que celui du volume d’essence distribué monte lui à un rythme plus sénatorial. L’image peut paraître cocasse, pour autant, c’est la situation à laquelle les usagers sont confrontés de plus en plus lorsqu’ils passent par les stations-services de Langres. « On a une fois encore l’impression d’être la variable d’ajustement et la vache à lait dès que l’on parle de l’automobiliste », souligne Thierry venu faire le plein dans une station de supermarché. Le propriétaire de berline explique que « désormais le moindre plein, c’est un gros billet qui part et, comme j’ai besoin de mon véhicule pour travailler, c’est un cercle vicieux ».
Le discours est semblable à la pompe voisine dans la bouche de Stéphanie. La mère de famille confie « optimiser autant que possible les déplacements qu’ (elle) doit effectuer pour (ses) enfants, que ce soit pour leurs activités ou les rendez-vous qu’ils peuvent avoir ».
Un chèque carburant comme écran de fumée
Ces précautions et cette anticipation ne se font pas « de gaieté de cœur mais à la fin du mois, les quelques euros que je ne dépense pas dans des déplacements inutiles ne sont jamais de trop ».
Gros rouleur, Henri constate aussi l’impact de la flambée des prix de l’essence au quotidien même s’il confie « être un peu privilégié par rapport à d’autres puisque(son) employeur prend en charge une partie de (ses) frais routiers ». Pour autant, le quinquagénaire reconnaît que « les dizaines de centimes qui s’ajoutent sur la facture à chaque passage à la pompe en plus du contexte que l’on connaît depuis près de 2 ans pourraient bien ramener les gens dans la rue ».
Pour les automobilistes, les responsabilités par rapport à cette facture énergétiques qui amputent le budget des familles sont partagées. Mais en premier lieu, tous évoquent les nombreuses taxes qui font invariablement monter le prix. « On parle tout de même de 60% du prix au litre, rien qu’en taxe », souligne Marie, venue faire le plein de sa petite citadine et elle-aussi vigilante au moment de passer à la pompe.
Annoncé il y a peu par le gouvernement, le chèque carburant d’un montant de 100€ ne semble pas convaincre les usagers. Qualifié de « contre-feu », d’ « écran de fumée », voire « de coup de pouce donné d’une main pour reprendre de l’autre », le chèque carburant n’apparaît pas comme la solution idoine sur la durée. « L’idée du chèque aurait pu être bonne mais on a surtout l’impression d’une aide ponctuelle qui ne va pas changer le quotidien de la personne qui, une fois l’argent dépensé, se retrouvera dans la même situation », souligne Thierry.
Pour les usagers, « une réflexion plus globale et surtout plus durable serait nécessaire pour ne pas que ce qui est pour l’heure une grogne individuelle ne se transforme en mouvement collectif qui prendrait encore plus d’ampleur que celui des Gilets jaunes en son temps ».
Plombés par la situation, les automobilistes ne sont pas forcément optimistes quant à une inversion de la dynamique défavorable en matière de coût du carburant.
Pierre Gaudiot
p.gaudiot@jhm.fr