Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Canoë-kayak : un grand bassin d’eaux vives en projet à Ancerville

Schéma du futur bassin d’eaux vives.

L’Ancerville-Bar-le-Duc canoë-kayak (ABCK) est à l’étroit dans son site historique de La Pointerie, à l’endroit où la Marne sert de limite aux départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Pour leur permettre de rester au plus haut niveau et pour développer le secteur, un Grand bassin d’eaux vives est en projet.

Les céistes de l’Ancerville-Bar-le-Duc canoë-kayak (ABCK) ont atteint un tel niveau de compétition que le bassin de la Pointerie est devenu trop étriqué pour eux, les contraignant à partir pour Bourg-Saint-Maurice, Pau ou Rennes. 

Afin de leur permettre de suivre l’entraînement intensif nécessaire en raison de leur niveau de performance, organiser des compétitions nationales, voire internationales et, de manière plus générale, proposer un site attractif au niveau tourisme, la Codecom des Portes de Meuse a décidé de transformer le site de la Pointerie, à la lisière entre la Meuse et la Haute-Marne en un important bassin d’eaux vives.

jhm quotidien a voulu connaître les tenants et les aboutissants du futur aménagement et a rencontré les porteurs du projet à la Codecom, Jean-Louis Canova, vice-président en charge des Grands Projets et des relations extérieures, par ailleurs maire d’Ancerville, et Alice Pescheloche, responsable des Grands Projets et mutualisation intercommunale.

jhm quotidien : pouvez-vous nous donner une vue d’ensemble de l’aménagement futur ?

Jean-Louis Canova : le futur bassin va former une boucle rattachée à la Marne et au bassin actuel, de 150 m de long sur environ 10 m de large. En son centre, à côté des arbres existants, sera creusé un canyon qui servira aux Sdis (sapeurs-pompiers) de la Meuse, de la Haute-Marne, de la Marne et au syndicat mixte Seine Grands lacs pour leur entraînement aux secours en cas d’inondations.

Dans ce canyon, il y aura “des maisons inondées” dans lesquels les pompiers pourront s’exercer, les camions pourront même y descendre et être poussés par l’eau. Ils disposeront d’un espace suffisant pour se retourner. L’ancien bassin sera réservé aux jeunes qui pourront s’entraîner. Le site inclura une passe à poissons car l’actuelle n’est plus aux normes.

Alice Pescheloche : nous avons vraiment tenu compte des besoins des Sdis, nous nous sommes concertés avec ceux de la Meuse et de la Haute-Marne pour bien intégrer leurs besoins.

J.-L. C. : ce sont eux qui nous ont expliqué ce qu’ils voulaient. En se référant à ce qui existe à Epinal, ils ont voulu quelque chose de différent et nous ont donné des pistes, tel le canyon.

Le canoë-kayak, mais pas que

jhm quotidien : Outre le canoë et le kayak, quelles autres activités sportives pourront être proposées ?

J.-L. C. : sur la partie plate, on pourra faire du paddle et, dans le bassin artificiel, tous les sports d’eau vive comme le canyoning ou le tubing (bouée). Il y aura une vague de surf. De plus, une vanne toit générant des mouvements d’eau permettra de faire du canoë plus speed, le kayak-cross, la nouvelle discipline aux jeux olympiques.

A. P. : il y aura une boucle assez “punchy” avec un débit assez élevé, qui pourra être modulé de 4 m3/seconde jusqu’à 12 m3/seconde. Une fois arrivés au pied de la barrière, les sportifs pourront poursuivre dans l’actuel bassin avec un débit un peu plus calme puis remonter et prendre le tapis roulant. Des petits plots seront fixés dans le sol, complètement modulables pour provoquer des courants, modifier le sens de la vague, créer des barrages complets. Ce sera comme un système de briques à emboîter.

jhm quotidien : Quelle sera la place de l’ABCK ?

J.-L. C. : Une place de choix, bien entendu, car le club est à l’origine du projet. Ce qui pourrait être intéressant pour lui, c’est qu’il y aura un besoin évident de formateurs ou d’assistants, ce qui générera des emplois, pour le moins saisonniers voire plus, dans l’encadrement, car ce sont eux les spécialistes, ils savent faire.

jhm quotidien : Techniquement, comment ça marche ?

J.-L. C. : Un dénivelé gravitaire permet la chute naturelle de l’eau et deux hélices seront installées pour produire de l’électricité qui pourra être autoconsommée. Elles permettront, en période d’étiage, de pomper l’eau pour l’envoyer dans le bassin. Par exemple, en ce moment, les pompes ne fonctionneraient que pour produire de l’électricité car le débit d’eau est élevé. En été, on pourra renvoyer l’eau avec les hélices. Tous les débits ont été calculés par rapport à la période de sécheresse la plus prégnante, celle de 2022.

A. P. : Effectivement, on a pris une année de référence assez pessimiste en termes d’hydrologie car, aujourd’hui, on sait bien que le climat va évoluer, qu’on aura des étiages de plus en plus sévères. On a donc demandé au bureau d’études de ne pas tenir compte des moyennes établies depuis 10, 20 ou 30 ans mais d’utiliser celles des années les plus sèches pour être au plus près de la réalité.

Par ailleurs, une installation d’importance sera réalisée avec un système novateur : deux turbines hydroélectriques réversibles. Les hélices tournent dans un sens et produisent de l’électricité quand il n’y a pas d’activité sur le site, notamment la nuit. L’eau va ainsi prioritairement vers la centrale. Par contre, en cas d’étiage sévère, quand l’alimentation gravitaire s’avère insuffisante, les hélices tournent dans l’autre sens et ont un rôle de pompage. S’il se rencontre en Belgique, ce système n’existe pas encore en France.

jhm quotidien : Et côté tourisme ?

J.-L. C. : Le bâtiment utilisé actuellement par l’ABCK va être rénové, un espace sera également réservé aux autres structures tels que les pompiers qui auront besoin d’une salle de réunion. Une terrasse y sera adjointe qui permettra une petite restauration, de type snack.

Le Grand Der a manifesté un grand intérêt pour notre projet du fait des activités en eaux vives proposées qui complèteraient celles en eau plate sur le lac. Les gens pourraient venir directement du Der par le canal Champagne-Bourgogne, prendre le canal d’amenée du Der en vélo, faire des activités, manger un petit truc puis repartir. L’office du tourisme du Der ferait la promotion du site d’Ancerville en complément des activités proposées sur et autour du lac.

A. P. : Par ailleurs, l’intégration paysagère a nécessité une attention particulière du bureau d’études qui a pris le parti de se coller au bâtiment existant et de rester sur quelque chose de naturel, avec des berges en enrochement. Il a bien tenu compte des arbres existants pour en maintenir le plus grand nombre possible car il est agréable d’arriver sur un site et d’avoir de l’ombre.

J.-L. C. : L’accès à la navigation sera rendu possible aux personnes à mobilité réduite qui pourront embarquer individuellement dans les bateaux. Les piétons pourront faire le tour du site grâce à des passerelles permettant l’observation. Le parking se situera à l’arrière, les voitures déposeront leurs passagers qui viendront à pied sur place. L’actuel city stade sera démonté mais réinstallé à proximité pour permettre aux stagiaires de faire un peu de sport.

Propos recueillis par notre correspondante Catherine Millot

Encore des portes à franchir

jhm quotidien : Un projet d’une telle envergure nécessite l’expertise de spécialistes. Quelle entreprise avez-vous mandaté ?

J.-L. C. : On travaille avec Hydrostadium, filiale d’EDF,  spécialiste des bassins artificiels.

jhm quotidien : La trame est déjà tracée, quelle va être l’étape suivante ?

J.-L. C. : L’avant-projet va être présenté aux décideurs puis il va falloir lever tous les freins réglementaires liés à la Marne, à la Police de l’eau. Ensuite, nous devrons trouver les financeurs, sachant que le projet est estimé à 7 millions d’euros et qu’il est inscrit au Plan de développement territorial (PDT) par le préfet de la Meuse dans le cadre de Cigeo.

A. P. : Nous avons des pistes intéressantes quant aux partenaires financiers, mais c’est surtout l’aspect exploitation qu’il va falloir développer. Outre les créneaux horaires réservés à l’ABCK, certains jours seront réservés aux différents SDIS. Il y a aussi le volet touristique à élaborer, d’où le rapprochement avec le syndicat du Der pour trouver des partenariats, peut-être des exploitants qui travaillent déjà dans les sports nautiques et pourraient nous soumettre des idées.

J.-L. C. 😀ifférentes hypothèses se présentent pour gérer un tel site. Cela pourrait être une régie, mais il faut être du métier. Si on exploite en direct, il faudra recruter du personnel, essentiellement saisonnier, qui sera pris en charge par la Codecom. On pourrait en outre confier la gestion à un entrepreneur dont c’est la spécialité par une délégation de service public. L’étude déterminera la meilleure solution, mais on en n’est pas encore là !

A. P. : La conception technique est terminée, on sait qu’on va avoir les financements de la Région, du Département, de l’Etat même de l’Europe. Effectivement, pour l’exploitation, on pourrait aussi imaginer un système mixte, avec un responsable qui coordonne toutes les activités sur le site mais qui s’appuie sur des exploitants extérieurs pour la partie touristique telles que le snack ou la gestion des locations

J.-L. C. : pour l’instant, Hydrostadium analyse les différentes options pour trouver la solution la plus avantageuse. Il a pour cela formé un groupe de travail avec différents bureaux d’études.

jhm quotidien : Quels sont les délais pour la réalisation de travaux d’une telle ampleur ?

A. P. : Il va y avoir une phase d’autorisation environnementale. Pour constituer le dossier, des études complémentaires devront être réalisées, puis il y aura une enquête publique qui pourra prendre plusieurs mois. Pour cette phase-là, on compte quasiment un an. Après, il faudra recruter les entreprises, ce qui implique de nouveaux délais.

J.-L. C. : Si les élus de la Codecom valident le projet, le premier coup de pioche devrait être porté en 2027, mais il reste encore beaucoup de travail en amont.

Sur le même sujet...

Joinville
Des travaux rue Aristide-Briand
Travaux , Vie quotidienne

En raison de la réalisation d’une tranchée pour le remplacement par Enedis de la ligne d’alimentation 20 000 volts, la rue Aristide-Briand est fermée à la circulation des véhicules jusqu’à(...)

46,73
Saint-Dizier
46,73
Economie , Travaux

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE C’est, en moyenne, la durée en jours que met la Ville de Saint-Dizier à payer ses factures, selon les données du ministère de l’Économie, rendues(...)

Celsoy
Côte de Celsoy : l’affaissement s’aggrave
Travaux

TRAVAUX. Interdite à la circulation depuis près de deux mois en raison d’un affaissement de terrain, la D 308 (entre Celsoy et Montlandon) voit sa situation s’aggraver. Une entreprise spécialisée(...)