Canal : un retour à la navigation compliqué
Après 98 jours de fermeture à la navigation, la plus longue période jamais enregistrée, le canal Entre Champagne et Bourgogne a rouvert mercredi 2 novembre. Non sans difficulté car des biefs dans le Sud du département restent fermés, faute d’eau.
Pour la troisième fois de son histoire, vieille de plus d’un siècle, le canal Entre Bourgogne et Champagne a été fermé à la navigation. En cause, une nouvelle fois, la sécheresse. Coïncidence, tout comme en 2020, cette fermeture a été annoncée le 28 juillet et elle avait duré 77 jours. La première fermeture en 2019 était sur une période plus courte, du 6 septembre au 21 octobre. Mais cette année, Voies navigables de France a enregistré la plus longue période d’arrêt de la navigation puisque celle-ci s’est poursuivie pendant 98 jours.
Alors certes, le canal a vécu une période de chômage d’un mois et demi dès septembre. Cette période de travaux devait se terminer le 16 octobre, elle a été prolongée pour permettre de terminer le chantier sur le pont-canal de Rouvroy-sur-Marne. Il s’agissait du chantier le plus important qui d’ailleurs se déroulera en deux phases. La première a traité l’intérieur du pont-canal qui enjambe la Marne. Pour effectuer le sablage de la structure en métal, le pont-canal a été placé “sous cloche” à l’atmosphère contrôlée pour ne pas laisser échapper les particules de peintures contenant du plomb.
L’année prochaine, il faudra effectuer cette même opération mais pour l’extérieur de ce pont. Cette période de chômage du canal a permis “d’économiser” de l’eau. Cela dit, «je ne suis pas certain que l’on aurait pu rouvrir la navigation pendant cette période», convient Pascal Dupras, responsable de l’Unité territoriale d’itinéraire du canal Entre Bourgogne et Champagne à VNF. Pendant cette période d’arrêt à la navigation, les plantes invasives, myriophylle hétérophylle, ont proliféré. Et elle ne s’est pas limitée aux berges puisqu’elle s’est installée dans le chenal dans certains biefs. VNF ont commandé deux opérations de faucardage et d’arrachage au Nord et au Sud du tracé du canal.
L’eau manque encore pour le canal
La situation est très tendue. L’eau fait surtout défaut dans les rivières qui alimente les biefs. Côté Marne, la Marne et le Rognon sont les principales rivières à alimenter le canal. Or, VNF ne pouvaient plus faire de prélèvement puisque ces rivières avaient atteint leur niveau le plus bas, le débit réservé. La remise en eau des biefs a débuté, il y a trois semaines afin de ne pas «prendre trop d’eau dans les rivières trop rapidement», souligne Pascal Dupras.
Mais côté Saône, la situation n’est pas à l’amélioration. Le lac de La Liez a été sollicité pour alimenter le bief de partage à hauteur de Langres. Depuis la réouverture de la navigation du canal, certains biefs restent encore fermés. «Ils sont situés à cheval entre Haute-Marne et Côte d’Or, à partir de Dommarien. On a encore des contrebas. Nous avons d’ailleurs pris un arrêt de navigation sur la partie Sud des biefs n°20 à 32. Et cela malgré des restitutions d’eau du lac de La Vingeanne», explique Pascal Dupras.
Des péniches doivent traverser le canal depuis Vitry-le-François. Et pour l’instant, il n’y a aucune certitude pour que l’ensemble de l’itinéraire soit navigable. Seule la météo pourra jouer en faveur de VNF qui ne se sont jamais trouvé dans une telle situation.
Ph. L