Camouflet – L’édito de Christophe Bonnefoy
Qu’on soit pour, contre, sans avis, de droite, de gauche ou bien ancré… au centre, on ne peut que le constater : le gouvernement, symbolisé ici par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a subi un véritable camouflet ce lundi.
A cinq petites voix près (270 pour, 265 contre), la motion de rejet préalable au projet de loi Immigration a été adoptée. Conséquence : sa discussion est tuée dans l’œuf avant même d’avoir démarré. Et ici, pas de possibilité d’un énième 49.3, on n’est pas du tout dans le même cas de figure. D’ailleurs, quand bien même ce projet de loi reviendrait sur la table très vite, ce renvoi dans les cordes du gouvernement et de son ministre s’apparente à un KO. Gérald Darmanin a voulu contenter tout le monde, avec un projet à la fois ferme… et social. Mais il a fini par rassembler presque toutes les oppositions contre lui, dans une sorte d’union contre-nature.
L’immigration est un sujet clivant, bien sûr. Et il était clair que si débats il y avait à l’Assemblée, ils ne tutoieraient pas les sphères de la sérénité. Mais en l’occurrence, le projet de loi a fédéré des colères qui vont au-delà de l’immigration elle-même. Qu’écologistes se retrouvent sur la même longueur d’onde que le Rassemblement national, par exemple, est révélateur. Evidemment, Ecolos, RN ou Insoumis, entre autres, n’ont pas voté pour cette motion pour les mêmes raisons. Et n’analysent pas ce camouflet avec les mêmes arguments. N’empêche qu’il y a peu encore, chaque camp aurait refusé de rejoindre l’autre, par principe. Pas là.
Le bilan, à chaud, dans un premier temps donc, se fait assez facilement : nos institutions ne sont pas en grande forme et la situation politique est plutôt fragile. Il suffisait, ce lundi pour s’en convaincre, de regarder son petit écran et de s’imprégner de l’ambiance qui régnait dans l’hémicycle… Et de constater le niveau du débat.