Calmer le jeu – L’édito de Christophe Bonnefoy
On voit mal aujourd’hui comment le gouvernement pourrait refuser d’envisager un moratoire sur la hausse du prix des carburants. Ceci dit, depuis le 17 novembre, les évidences ne sont pas vraiment apparues comme telles aux yeux d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre. L’évidence d’une colère grandissante par exemple, dont ils n’ont pas vu venir l’ampleur. Ou encore celle d’une seconde manifestation, samedi à Paris, qui forcément allait se transformer en combat de rue. L’évidence, même, de la nécessité d’éviter à tout prix le discours fermé, rigide dira-t-on, envers non seulement les Gilets jaunes mais aussi tous ces Français à bout et qui ne sont pas systématiquement sur les ronds-points. Pour le moins, le chef de l’Etat avait un devoir : parler. Dire qu’il avait entendu. Et tenter de rassurer. Au lieu de cela, sa mise au point, il y a quelques jours, a été perçue comme une fin de non-recevoir.
A bien des égards, même la consultation de trois mois annoncée par Edouard Philippe arrive d’une certaine manière trop tard. Les représentants des grands partis se sont engouffrés dans la brèche. Ils chercheront plutôt à mettre Emmanuel Macron KO plutôt qu’apaiser la situation. Les Gilets jaunes, eux, connaissent des dissensions en leur sein. A tel point que certains de leurs représentants ne souhaitent même plus participer aux discussions. C’est là toute la difficulté du gouvernement : échanger, oui, mais avec qui ?
Toujours est-il qu’Emmanuel Macron va immanquablement devoir lâcher du lest, d’une manière ou d’une autre. Notamment parce qu’en plus de la colère des Gilets jaunes, il commence à devoir affronter, notamment, celle naissante, d’un monde économique qui subit de plein fouet cette crise politique et sociale.