Cadeau empoisonné
Décidément, les subtilités du marché de l’énergie sont impénétrables. Prenez les factures de gaz. Après avoir dépassé les 300 euros le mégawattheure (MWh) au mois d’août, l’indicateur de référence a connu une tendance à la baisse significative. Après un rebond en novembre, il a de nouveau perdu plus de 10 % de sa valeur au cours du dernier mois pour tomber à 65 euros le MWh. Il est surtout passé sous la barre des 75 euros, son prix avant l’invasion russe.
Dans son sillage, le prix “spot” (pour une livraison immédiate) de l’électricité a lui aussi chuté, faisant même de brèves incursions en terrain négatif (jusqu’à -4,37 euros le MWh le 1er janvier au matin), avant de se stabiliser entre 100 et 180 euros.
Vous l’aurez compris, tout cela reste très loin des prix plafonnés offerts par les fournisseurs (EDF, TotalEnergies, Engie, etc.) sur demande du gouvernement : 280 euros par MWh. Alors certes, les contrats doivent tenir compte des anticipations des énergéticiens, notamment analyser l’évolution de la demande. Et un nouveau coup de froid pourrait très vite propulser les tarifs à des sommets.
Mais en s’engageant à plafonner le prix de l’électricité à ce niveau pour les TPE en 2023, soit un niveau supérieur au prix actuel de l’électricité, mais inférieur aux niveaux de l’été et de l’automne 2022, les fournisseurs d’énergie (EDF, Engie, TotalEnergies notamment) indiquent clairement qu’ils n’anticipent pas de flambée des prix.
Au final, si les renégociations des prix sont un soulagement pour nos artisans, elles ne sont en aucun cas un cadeau. Au contraire. Si les prix de l’énergie baissent drastiquement cette année, les pros vont traîner encore longtemps ce boulet énergétique.
Jean-Jacques Manceau