Ça fait désordre – L’édito de Patrice Chabanet
Emmanuel Macron doit méditer la fameuse phrase de Voltaire, «Dieu me garde de mes amis ! Mes ennemis, je m’en charge». Le premier grognard de la macronie, Gérard Collomb vient de le lâcher sans ménagement, en passant outre la tentative du chef de l’Etat de le maintenir à son poste. Après le retrait de Nicolas Hulot, dans les conditions que l’on sait, ça fait désordre, surtout après l’été calamiteux qu’a connu l’exécutif. Emmanuel Macron découvre à ses dépens que le “vieux monde” est en train de reprendre du poil de la bête. Gérard Collomb en est un beau spécimen. Il sait que son avenir est mieux assuré à Lyon qu’au ministère de l’Intérieur. Alors foin de son amitié affichée pour le président de la République, il prend la porte. Fort naturellement, les oppositions s’en donnent à cœur joie pour mettre à bas la statue du Jupiter triomphant et pointent les rats qui quittent le navire. Déjà un air de ressemblance avec la descente aux enfers de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, un peu plus rapide d’ailleurs.
Le locataire de l’Elysée n’a plus d’autre choix que de resserrer les boulons. Le choix du successeur de Gérard Collomb sera crucial. Le ministère de l’Intérieur exige une personnalité qui se consacre totalement à la tâche, sans se préoccuper du retour dans sa baronnie. Les dossiers de la sécurité et du terrorisme, d’un côté, et la préparation des élections européennes et municipales, de l’autre, constituent un emploi à plein temps. L’exécutif doit-il en profiter pour procéder à un véritable remaniement ministériel ? Il revient au Premier ministre de lister ceux qui risquent de flancher dans les prochains mois et d’abréger leurs souffrances. De nouveaux départs renforceraient l’image de délitement d’une équipe qui doit gérer un ambitieux programme de réformes. Faute de résultats tangibles, face à une opinion publique dépitée ou déçue, la cohésion gouvernementale devient un impératif, ne serait-ce que pour mieux défendre le sanctuaire élyséen.