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Bure : la mémoire en question

Le directeur industriel de l’Andra, Patrick Torres (à gauche), a subi les invectives des militants antinucléaires durant toute son allocution.

Nucléaire. A l’occasion de l’assemblée générale du Clis (Comité local d’information et de suivi), lundi 27 mars, l’Andra a présenté son dossier de demande de création du centre de stockage, en la salle des fêtes du village de Bure (Meuse).

L’assistance étant nombreuse, l’ambiance a vite dégénéré suite à l’entrée dans la salle d’une dizaine de militants antinucléaires. Patrick Torres, directeur industriel de l’Andra, a présenté sur écran les étapes de la création du centre de stockage de déchets nucléaires (HAVL) pour haute activité à vie longue, soit les plus dangereux. Durant son allocution, Patrick Torres a dû subir les quolibets et invectives des militants qui ont multiplié contre lui leurs moqueries. Un élu présent parmi l’auditoire les a qualifiés de « bandits », tandis que des verres projetés au sol se sont brisés.

Une élue d’opposition a suggéré aux militants de rester courtois : l’un d’entre eux lui a rétorqué que la courtoisie est devenue un luxe impossible. Selon Patrick Torres, le stockage se fera à 500 mètres de profondeur, sur une superficie de 15 km2 (ou de 29 km2 si nécessaire), avec 250 km de galeries. L’accueil de 83 000 m3 de déchets nucléaires perdurera 120 ans pour un coût de 25 milliards d’euros.

Une instruction de cinq ans

Quant à l’instruction sur cette demande de création, elle devrait aboutir dans cinq ans ; les autorisations d’urbanisme sont indispensables pour démarrer le chantier. L’avis de l’autorité de sureté nucléaire (ASN) aidera les politiques à prendre leur décision quant à l’avenir du projet. Le dossier comprend 23 pièces pour 10 000 pages, dont trois pièces spécifiques à Cigéo et deux pièces ajoutées par l’Andra pour la lisibilité et la compréhension du public. Selon Patrick Torres, ce dossier constitue le fruit de 30 années d’études et de recherches. Il s’agira, à l’avenir, de détecter le plus rapidement possible le risque d’incendie, ainsi que de réagir à d’éventuelles chutes de colis lors de leur transfert dans les installations souterraines par funiculaire. Quant aux émissions de substances radioactives, elles devront être évitées ou réduites ; les impacts radiologiques doivent demeurer infinitésimaux, y compris lors d’accidents.

Des opposants s’expriment

Une élue d’opposition a déclaré qu’au vu du potentiel géothermique de Bure, Cigéo n’aurait jamais dû s’y installer en fonction de la législation. Elle s’est étonnée de l’écart envisagé pour la superficie du stockage souterrain, selon les documents présentés. L’élue a voulu savoir si cette surface a été doublée suite aux récentes déclarations du président de la République qui souhaite développer l’industrie nucléaire. Patrick Torres lui a répondu que Cigéo est depuis le début un projet évolutif tributaire de la demande. Une députée archéologue a contesté qu’on puisse garder la mémoire du stockage, en faveur de nos descendants, sur une durée de plus de 100 000 ans. Patrick Torres a reconnu que le souvenir est de courte durée et que l’Andra doit remédier par tous les moyens à cet inconvénient. Au final, une militante a violemment invectivé le directeur industriel, qualifiant avec mépris l’auditoire de « têtes blanches ».

De notre correspondant

Patrick Quercy

L’important complexe archéologique

Quant à la mémoire, elle est en effet toute relative ; personne n’a évoqué l’important complexe archéologique néolithique découvert sur 35 hectares à Bure-Saudron, par l’Inrap en 2016 : https://www.blelorraine.fr/2017/07/decouverte-dun-site-archeologique-exceptionnel-a-bure/.

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