Bure : 600 manifestants marchent dans le calme contre Cigéo
Mobilisation. Ils auraient aimé être davantage. Mais la grande marche anti-nucléaire et anti-Cigéo organisée dans le cadre des rencontres des luttes paysannes et rurales, qui a rassemblé plus de 600 manifestants ce samedi, laisse aux manifestants l’espoir de nouvelles mobilisations et alliances.
Ils espéraient être mille. L’affluence a été moindre avec environ 600 manifestants ce samedi après-midi. « Nous avions beaucoup d’étrangers sur le camp mais ils n’ont pas osé venir manifester. La France est perçue à l’extérieur comme un Etat anti-démocratique et répressif », glisse Fred, l’un des organisateurs des rencontres des luttes paysannes qui ont eu lieu toute la semaine à Cirfontaines-en-Ornois (nos éditions des 28 août et 2 septembre).
Un syndicaliste meusien, croisé sur la route du retour de la manif, avance la même explication. « On hésite à venir manifester en famille », dit-il. Il a passé toute la semaine à Cirfontaines mais rentre ce dimanche chez lui. « On en a pour une semaine à tout démonter », souligne Fred, à la vielle de la clôture de ces rencontres qui ont été « magnifiques. » En tout cas, elles laissent entrevoir, selon les militants, de nouvelles mobilisations et alliances avec des collectifs étrangers.
Une lutte pour le vivant
Deux heures plus tôt, devant le monument aux morts de Bure, une Brésilienne, un Colombien et un Congolais prennent le micro et confirment aux manifestants partager leur lutte « pour le vivant. » Les applaudissements fusent. Les manifestants reprennent en chœur l’hymne de Martial, le Congolais : « Mort à la Françafrique ».
Il est temps de se mettre en route, la bétaillère habillée de banderoles jaunes « Stop au nucléaire » ouvre la marche, un autre tracteur suit. « Et si vous peur d’avoir chaud, n’hésitez pas à vous couvrir le visage », lance une manifestante. Fait est que bon nombre de manifestants, qui ne veulent pas être identifiés, se masquent le visage. « Et on ne prend pas de photo en gros plan des gens », vient glisser à l’oreille d’une journaliste un militant.
Aucun heurt
Le cortège s’élance sur la D 132 entre Bure et Mandres-en-Barrois. Musique, chants, slogans « Andra dégage » entre autres, accompagnent la déambulation qui sera restée festive jusqu’au bout car aucun heurt avec les forces de l’ordre n’est à déplorer. Les gendarmes étaient en nombre mais à distance. Il n’y a donc pas eu de confrontation même si ça aurait pu s’envenimer à Mandres-en-Barrois lorsque des manifestants ont reconnu dans leurs rangs « des mecs des RT ». RT pour renseignement territorial, le camp de forces de l’ordre donc.
« le gros transfo de 10 hectares »
Jean-Pierre, l’agriculteur de Cirfontaines-en-Ornois, marche d’un pas vif durant la manif. C’est un opposant historique au projet Cigéo et s’impose naturellement en guide des lieux. Perché sur une butte, il regarde à l’horizon. « Là c’est le bois Lejuc où l’Andra veut enfouir les déchets. » Il se tourne. De l’autre côté, il montre, et on les aperçoit au loin, le labo de l’Andra et l’espace technologique. « C’est là où vont arriver les colis de déchets qui seront ensuite acheminer à 500 mètres sous terre », explique-t-il.
Il connaît le dossier par cœur et parle « du gros « transfo » de 10 hectares » qui sera installé dans une vallée non loin de là et qui servira à alimenter Cigéo en énergie, « l’équivalent d’une ville de 100 000 habitants », lâche-t-il. « Il ne faut pas parler au futur car le projet ne doit pas se faire », lance une manifestante. Le cortège reprend sa route avec comme point d’arrivée « symbolique » « cette place où il y avait une maison que l’Andra a rachetée pour la raser. Et ce n’est pas la dernière », se désole Fred.
C. C.