Brushing – Et article complémentaire
Billet d’humeur lié à l’article publié ci-dessous.
Brushing
Le substitut du procureur Bellet aime pourtant Jean Teulé… «Les stupéfiants sont en lien avec cette affaire, on ne me l’ôtera pas de l’esprit au regard de la configuration de cette salle d’audience…» Parlant au nom de la société, une magistrate aura interpellé à brûle-pourpoint un anonyme guillotiné sur les bancs publics. Venu soutenir Bruno Dardenne, libre et totalement étranger au dossier présenté devant le tribunal correctionnel, ce citoyen aux dreadlocks saillantes n’aura pas baissé la tête. Délit de faciès. Délit, le mot n’est pas innocent. Simple question de déterminisme. Dreadlocks = Drogué.
L’échevelé plumitif de province ne fera pas l’affront à une femme de bonne culture de rappeler les naturelles racines de dreadlocks sublimant les reines et princesses de la famille royale égyptienne. Faire référence à Toni Morrison, unique afro-américaine honorée du prix Nobel de littérature serait également vain. La romancière aime pourtant arborer ses dreadlocks… Sans se droguer. Comme Rama Yade, Muriel Hurtis et tant d’autres. Oui, mais autant s’en tenir aux clichés, aux mégots de Bob Marley et aux soirées enfumées de Yannick Noah, deuxième personnalité préférée des Français. Le jeune homme venu se perdre en salle d’audience est forcément un dangereux délinquant abruti à grands renforts de marijuana. On en voit pourtant des dreadlocks, à Sciences-Po ou sur les bancs de la fac de Droit. Autant de dégénérés… Dreadlocks = Drogué.
A suivre cette arbitraire logique, il ferait bon se mettre à la hauteur – si près du sol – des libres antennes radiophoniques et autres discussions de fins de banquets. Les policiers sont exemplaires, les juges sont laxistes, les hommes politiques sont tous pourris, les patrons sont des voyous, les fonctionnaires des fainéants et les journalistes de vilains gauchistes…N’en jetez plus ! Oui, il est question de ridicule. Dreadlocks = Drogué.
A toutes fins utiles, le simple justiciable aura la respectueuse et citoyenne outrecuidance de rappeler une évidence. Trafiquants d’armes, de stupéfiants et d’êtres humains arborent chevelures et costumes bien taillés. Ces criminels courent souvent salons parisiens et diners mondains. Loin des êtres chers à Jean Teulé. Mangez-les si vous voulez.
Violent et immature
Les délits imputés à un jeune homme au comportement immature et violent ont prêté à de longs et âpres débats. Regrettant le dysfonctionnement de caméras de vidéosurveillance, Maître Lalloz s’est élevée contre les réquisitions du ministère public.
Tantôt jovial, tantôt narquois, Bruno Dardenne aura peiné à faire bonne impression. Le procureur Bellet n’aura pas manqué de souligner une certaine «nonchalance» avant de faire maladroitement référence à la présence symptomatique d’un ami du prévenu en salle d’audience (lire billet). Dans une société où les apparences font foi, parents ou proches ont parfois la mauvaise idée de se présenter au chevet des prévenus… Menée par le président Chandet, l’instruction levait le voile sur le parcours d’un justiciable au comportement immature. Le jeune homme s’était donné toutes les chances de réussir en privilégiant une formation professionnalisante. Sportif et bel homme, Bruno Dardenne n’en est pas moins miné par une rage incontrôlée. Condamné par le passé pour violences et outrages, le Haut-Marnais n’aura pas tardé à récidiver.
Les histoires d’amour finissent mal en général dit la chanson… Pressé par son ex-compagne de récupérer carte de crédit et documents personnels, Bruno Dardenne aura gratifié ses prétendus adieux de coups portés au visage de sa compagne. Une courageuse passante viendra au secours de la victime. Une victime en possession de cannabis comme le découvriront les policiers. A l’origine d’aucune poursuite visant Bruno Dardenne, cet élément forgera la conviction du procureur Bellet : ce dossier a les stupéfiants pour fond. Aucune preuve ne permettra toutefois d’attester la moindre implication du prévenu dans un éventuel trafic comme le rappellera à plusieurs reprises le président Chandet. Assurant la défense du prévenu, Me Lalloz dénoncera des «accusations totalement infondées» avant de regretter des violences «reconnues».
Caméras en dysfonctionnement
Au lendemain de ses méfaits, le prévenu était localisé par les policiers. A l’approche de suspect, penché au travers d’une fenêtre dans l’habitacle du véhicule de son ancienne compagne, l’attention des fonctionnaires était alertée à la vue d’une arme de poing posée côté passager. L’enquête permettra de de disculper Bruno Dardenne de toute possession de ce pistolet à gaz acquis par l’ex-compagne du prévenu suite à une tentative de viol. L’arrestation fut mouvementée comme l’attesteront les déclarations des policiers et d’un témoin de passage. Le prévenu aurait outragé les fonctionnaires avant se montrer violent. «Je n’ai pas compris pourquoi on m’arrêtait, la voiture était ouverte et les parents de mon ex-compagne étaient inquiets, ils ne savaient pas où elle était, j’étais simplement parti à sa recherche», affirmait le prévenu avant de reconnaître avoir proféré diverses insultes. Bruno Dardenne niait toutefois rébellion et violences à l’encontre des policiers. Sollicitée par le prévenu, l’analyse des enregistrements de caméras vidéosurveillances placées à proximité n’aura pu apporter le moindre élément. Et pour cause : destinés à rassurer les foules, ces équipements n’étaient pas en fonctionnement au moment des faits.
«Quand mon client affirme que sa parole ne vaut rien face à celle des policiers, je ne suis pas persuadée qu’il n’ait pas totalement raison», regrettait Me Lalloz avant de dénoncer les huit mois de prison ferme – avec mandat de dépôt – sollicités par le ministère public. Le tribunal aura modéré la sentence. Relaxé des faits de violence commis à l’encontre des policiers, déclaré coupable du surplus, Bruno Dardenne a été condamné à huit mois de prison ferme – avec mandat de dépôt – dont quatre assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Reçu en qualité de partie civile, un des policiers outragés sera indemnisé à hauteur de 100 euros.